Finale de la coupe de Belgique 1993

Dimanche 6 juin 1993. Qui ne se souvient pas de cette date ? Qui a oublié cette maudite finale de Coupe de Belgique, épilogue d’une saison exceptionnelle, qui nous a filé entre les crampons ? On ne l’a toujours pas encaissée cette défaite-là. D’ailleurs, toute la famille zébrée cultive l’espoir (chimérique ?) d’atteindre à nouveau ce stade de la compétition pour enterrer définitivement ce qui a constitué, avec la qualification européenne, le plus grand fait d’arme du Sporting des années 90.

“Tout s’est joué en 1re mi-temps. L’adversaire a parfois joué à la limite ; mais au plus le niveau s’élève, au plus l’expérience joue. Peut-être avons-nous été naïfs aujourd’hui”, avouait, la tête haute, Robert Waseige, pendant que Gilbert Bodart soulevait le trophée.

Le synopsis du mage mosan correspondait parfaitement au film de cette finale entre le Standard, qui gagnait là sa cinquième Coupe, et Charleroi, pour la deuxième fois à ce stade de la compétition depuis 1978 et sa défaite (2-0) contre le Beveren de Jean-Marie Pfaff.

Le manque d’expérience et un sentiment d’injustice. Voilà ce qui anime les conversations autour du sujet.

Il est vrai qu’au début de la saison 92-93, aucun observateur ne désignait le Sporting comme potentiel trouble-fête de notre compétition. Pourtant, cette année-là, Charleroi se plaçait 6e ex aequo avec Bruges, le champion sortant.

Le parcours des Zèbres en Coupe de Belgique symbolisait leur montée en grade, alors qu’ils avaient failli être relégués en 2e division un an plus tôt. Tour à tour, ce sont La Gantoise, Bruges, Beveren qui furent éliminés par nos sportingmen dont l’ossature était constituée par Gulyas, Suray, le duo Zetterberg – Mommens, Brogno et Malbasa. Mieux, cette irrésistible armada anéantissait, en une double confrontation, les espoirs anderlechtois de réaliser le doublé. Nous avions même été battre les nouveaux champions à l’ombre de Saint Guidon.

Les Zèbres étaient-ils devenus invincibles?

On le croyait, mais ils seront étouffés par le Standard en finale. Les Rouches n’avaient pas sous-estimé leur adversaire et s’appuyaient sur une équipe solide. Sur papier, les liégeois étaient plus forts ; d’ailleurs, ce sont les seuls ténors à nous avoir posé problème en championnat, tant à l’aller qu’au retour. Des joueurs d’expérience tels qu’André Cruz, Gilbert Bodart, Mircea Rednic, Guy Hellers, Marc Wilmots, Henk Vos accompagnaient de jeunes joueurs talentueux comme Régis Genaux, Mickaël Goossens ou Philippe Léonard. D’ailleurs, en finale, ce dernier scellait le score après qu’Henk Vos ait défloré la marque en début de deuxième mi-temps.

L’équilibre rouge et blanc avait mis fin à l’espoir et la fougue carolorégienne.

Pourtant, ce regard objectif sur cette opposition ancrée dans le patrimoine zébré ne peut occulter les faits de matches défavorables à nos couleurs. Qui ne se souvient pas des multiples agressions non réprimées par le directeur de jeu Alphonse Constantin ? Cedomir Janevski et Olivier Suray durent sortir sur une civière, Malbasa se fit arrêter fautivement dans le grand rectangle sans que le futur directeur du Standard ne bronche. En outre, le Sporting ratait le coche en première mi-temps. Notre domination aurait du être récompensée, mais Bodart gagnait son duel face à Brogno, action qui constitua le tournant du match. Ce jour-là, le Standard soulevait le trophée gagné sur le terrain, mais il est certain que nous avions gagné celui des tribunes. Nous étions des milliers à avoir rallié le Parc Astrid, à chanter et encourager nos joueurs jusqu’à l’aphonie. Et malgré la déception, nous sommes restés dignes, fair-play et fiers. D’ailleurs, le lendemain, la place Charles II était noire (et blanc) de monde. L’ovation réservée aux joueurs restera dans les mémoires.

Désormais, chaque début d’année ravive la flamme de l’espoir d’atteindre à nouveau une finale de Coupe, histoire d’ajouter une ligne à notre palmarès et de confirmer notre marche en avant, mais surtout d’effacer au plus vite cette défaite.

Quand pourrons-nous l’oublier ?

Standard 2 – 0 Charleroi
Standard
Gilbert Bodart ; Mircea Rednic ; André Cruz ; Dinga ; Régis Genaux ; Guy Hellers ; Roberto Bisconti ; Philippe Léonard ; Frans Van Rooij ; Marc Wilmots ; Henk Vos
Entraîneur : Arie Haan
Charleroi
David Baetslé ; Olivier Suray (55’ Marc Wuyts) ; Cedomir Janevski (23’ Roch Gérard) ; Michel Rasquin ; Rudy Moury ; Eric Van Meir ; Raymond Mommens ; Marco Casto ; Pär Zetterberg ; Dante Brogno ; Nebojsa ,Malbasa.
Entraîneur : Robert Waseige
Arbitre : M. Alphonse Constantin
Buts : H. Vos (1-0), P. Léonard (2-0)