
« Quand on revient de Bruges, tard dans la nuit, et que l’on a pris six buts, avec la prestation que l’on a faite, on peut imaginer l’état dans lequel nous étions. Mon rôle, celui du staff et du Club, c’est de soutenir les joueurs et d’essayer d’avancer car il y a encore six matches importants derrière.
Nous avons revu les images des six buts. Il en ressort des erreurs de positionnement, qu’il y a des glissades, et que chaque fois qu’un but est marqué – je ne vais pas dire que c’est chaque fois –, c’est souvent par une erreur de l’adversaire. On a donc relevé les erreurs et les raisons pour lesquelles on a pris ces buts.
On garde la foi. Le football est parfois inexplicable. On avait fait une superbe semaine, une veille de match très, très bonne et voilà, il est arrivé ce qu’il est arrivé. Je pense vraiment que c’était un jour sans, on a pris l’eau dans tous les secteurs, en grosse partie – comme je l’ai dit lors de la conférence de presse – de ma faute par rapport à la mise en place, aux consignes. Les joueurs ont respecté ce qui a été demandé. Après, si je dois leur en vouloir, c’est peut-être sur le manque d’agressivité, le manque de gnac, alors que, l’état d’esprit et la mentalité étaient présents. Ce but très tôt encaissé a fait exploser les plans que l’on avait mis en place, c’est une certitude.
Quand on est mené d’un but d’écart à la mi-temps et que les gars ne donnent pas, on peut parfois péter un plomb. Ici, j’ai essayé de rester positif, de relever les points qui n’avaient pas fonctionné, de corriger en faisant deux changements et en mettant de la fraîcheur.
Cela n’a pas agi. Quand on a en face une équipe de Bruges de la qualité comme celle de ce jeudi, et que, nous, on n’est pas à 100 %, que ce soit au niveau du dispositif ou de l’agressivité et des choix, c’est difficile.
Je ne suis pas dans l’option de protéger mes joueurs. Je suis dans celle de faire une analyse transparente, claire et de prendre mes responsabilités. Je suis conscient honnêtement que par rapport à ce dispositif à 5 derrière, Bruges nous a déjoué par leurs mouvements, leurs décrochages. Ils ont évolué différemment de ce qu’ils avaient fait lors du 3-3. Cela a été une des causes de la faillite.
C’est une nouvelle expérience pour tout le monde et, en tout cas, pour moi aussi. Depuis cinq saisons à Charleroi, on a toujours – en tout cas, souvent – vécu de très bons moments, parfois de moins bons mais qui n’ont pas duré aussi longtemps que celui-ci. Pour moi, aussi, c’est une approche différente et c’est pour cela que je me mélange à eux, parce que l’on est tous ensemble sur le même bateau. Il n’est pas question de rejeter la faute sur l’un ou sur l’autre, parce que je suis sur le même bateau qu’eux et que la responsabilité m’appartient également.
Après, c’est à eux de percevoir la manière que je communique, que je suis avec eux et c’est à eux de voir comment ils vont réagir dimanche.
Une défaite est une défaite. On a été battu 6-0 et toutes les polémiques, toutes les analyses vont être faites sur le nombre de buts encaissés, sur le fait que l’on n’a presque pas existé alors que si l’on avait été battu 1-0, l’analyse aurait été faite différemment.
Je sais que j’ai un groupe qui est capable de se relever, de se remettre en question même si la tâche ne s’annonce pas évidente.
Ce vendredi, le groupe a décidé de se réunir, de se parler entre eux avant que je ne les voie. C’est qu’ils sont conscients qu’ils ont fauté, par mon intermédiaire, mais qu’ils doivent prendre leurs responsabilités aussi.
Il ne faut pas rechercher uniquement le fait qu’on a eu un mauvais contenu, qu’on a mal défendu et qu’on a manqué d’agressivité parce que, lorsqu’il y a une mise en place qui est faite, il y a une manière de coulisser, de sortir dans les intervalles. Les joueurs avaient plus ou moins appliqué ce que je leur avais demandé. Malheureusement, ce que je leur avais demandé n’était pas ce qu’il y avait de mieux contre Bruges.
Francis N’Ganga est un joueur qui sait mettre le tampon quand il faut, qui sait dire le mot qu’il faut, qui sait exciter l’adversaire. D’ailleurs, il a eu une phase en face à face avec Mechele où il a montré qu’il voulait être présent. La nature des gens, on ne sait pas la changer du jour au lendemain. On est une équipe qui pense d’abord au football et pas à provoquer ou à exciter, à prendre des cartes. Ce n’est pas notre objectif. Le football, ce n’est pas le premier objectif. L’objectif dans le football, c’est de gagner un match, de la manière la plus propre possible. On manque peut-être de vice, j’en manque peut-être aussi mais la seule fois où j’ai eu un peu de vice, à l’interview, il y a beaucoup de gens qui ont été étonnés. Il faut savoir ce que l’on veut, finalement.
On comprend le mécontentement des supporters et comme les joueurs l’ont déjà fait auprès de la Presse, moi, en tant qu’entraîneur, je tiens aussi à m’excuser au nom de tout le groupe, de tout le staff, pour la prestation que l’on a effectuée ce jeudi et j’ai dit calmement aux supporters que l’on fera tout pour montrer que l’on a de la grosse envie pour dimanche. Je ne peux assurer à personne qu’on va gagner ce match mais je peux leur certifier que les joueurs auront de l’envie dimanche.
Quand des supporters paient leur place, qu’ils font des déplacements – même s’ils n’étaient pas nombreux –, la priorité, c’est au moins de se donner à 100 % et d’essayer de faire le maximum possible pour éviter une déroute comme celle de ce jeudi.
Je pense qu’il faut se souvenir de tout ce que nous avons fait de bien et de la manière dont on l’a fait. Je m’attèle à cela pour préparer le match de ce dimanche et, ensuite, peut-être, changer l’une ou l’autre chose, apporter de la nouveauté et un peu de fraîcheur.
Nous remettons beaucoup de choses en question entre nous. Je me remets en question devant eux aussi et je pointe ce qui ne va pas. Mais ce sont des choses qui restent entre eux et moi.
Je travaille de la même manière que je travaille depuis 4 saisons et huit mois puisque, depuis, il n’y a pas eu vraiment de tonnerre. J’arrive à la même heure, je déjeune toujours de la même manière, je reçois toujours mes coups de fil de la même manière comme celle dont je prépare mes théories et mes entraînements. J’essaie de donner un maximum de motivation à mon groupe.
Je n’ai pas le droit de douter puisque je dois être le meneur de la bande. Je ne dis pas que je ne traverse pas des moments moins simples. Aujourd’hui, je suis dans un moment moins simple mais j’ai des certitudes, celles de dire qu’en grosse partie, la défaite à Bruges m’impute. Je suis convaincu que la grosse erreur commise ce jeudi est quasiment de ma faute, ça, c’est une certitude.
J’ai cravaché vingt ans pour arriver en D 1 Nationale, ce n’est pas une défaite par 6-0 qui va me faire démissionner.
Quand un couple marié divorce, est-ce que l’on pense qu’il se souvient des cinq ou six premières années qui ont été extraordinaires,… C’est comme ça, c’est la vie. On oublie très vite tous les bons moments d’une vie, d’un cycle, d’une saison. Finalement, ne pas changer dans la personnalité, dans le couple, fait qu’il y a des habitudes qui se créent et les habitudes font qu’on oublie tous les bons moments, la vraie personnalité des gens. Dans un couple, c’est la même chose et au niveau de nos supporters, c’est la même chose. On oublie peut-être mais le plus important pour eux, c’est le moment présent et c’est surtout la projection qu’ils se font du futur. C’est surtout cela qui les a mis dans un état comme celui à notre retour. Je peux les comprendre. À partir du moment où le Sporting de Charleroi est une grosse partie de leur vie, parce que ce sont des supporters qui vivent pour leur Club, qui vivent toute la semaine, peut-être en attendant le match de leur équipe favorite, je peux comprendre qu’ils ne soient pas contents.
Nous attendons encore quelque chose de ces Play Off 1, en termes de résultats et de classement. Si les gens n’ont pas l’intelligence de comprendre que l’image de Charleroi – elle est bonne depuis cinq ans –, si on la fait changer sur les deux mois et demi que l’on est dans la difficulté, c’est très grave.
L’instantané où l’on voit Pierre-Yves, Mehdi et moi est hyper important. On l’analyse comme on veut mais dans une situation comme celle que l’on a vécu, la Direction a très vite montré, dans la seconde qui a suivi la fin du match, la solidarité avec son entraîneur. Ce qui s’est dit reste entre nous, mais uniquement cette image de leur présence sur le terrain, cela veut dire beaucoup.
Je sais que la Direction a confiance en moi comme moi, j’ai confiance en elle. Le jour où je sentirai que la Direction n’a plus confiance en moi ou l’inverse, il n’y a pas besoin qu’elle se présente sur le terrain pour que cela m’apaise ou pas. Ils ont eu l’intelligence et la qualité de m’entourer, tout simplement, à la fin de la rencontre.
Nous ne sommes pas dans une situation où le système, la disposition aura de l’importance. Nous ne sommes pas dans une situation où les joueurs qui seront présents sur le terrain aura de l’importance. On est dans une situation où on doit rebondir et réagir, quels que soient les joueurs qui seront sur le terrain dimanche. S’ils sont dans un noyau, c’est qu’ils ont de la qualité, certains plus, d’autres moins, mais c’est la force mentale et l’état d’esprit qui seront les plus importants. On peut jouer avec 10 attaquants, 18 défenseurs et 3 gardiens, ce n’est pas ça qui fera la différence. La seule différence sur laquelle on devra s’appuyer pour dimanche, c’est d’avoir cet esprit de révolte – d’avoir été humilié ce jeudi soir –, d’avoir envie de se faire pardonner, d’une part, par notre public, par notre Direction; d’autre part, par les gens qui aiment le foot, qui ont aimé et qui aiment toujours Charleroi, et leur montrer que ce qui est arrivé, par rapport au résultat, c’est un accident et que ça ne peut plus se produire. C’est le seul objectif que l’on a, dimanche. »
