Bienvenue chez toi, Philippe Migeot 3ème et dernière partie

14 février 2011

Nous allons aborder un sujet délicat et plutôt désagréable.

Un vent contraire nous a appris que vous aviez été supporter du Standard, d’ailleurs vous le signalez au début de l’interview.

Et maintenant, pour qui bat votre cœur ???

– « (rires) Je regarde plus Charleroi, mais j’étais content que le Standard soit champion et je suis content quand les zèbres battent les Rouches.

– J’ai marqué mon premier but en division 1 lors d’un match au Mambourg face au Standard, j’avais fait sauter le ballon au-dessus de Gilbert Bodart.

Peter Mraz avait, lui aussi, marqué un but pour son premier match et cette victoire avait lancé le maintien pour notre première saison parmi l’élite. »

Parlons un peu de ce joueur tchécoslovaque venu de nulle part.

– « Peter est arrivé alors que le championnat était commencé depuis 7 ou 8 journées.

Il s’est directement intégré dans le vestiaire, il est arrivé le jeudi et le samedi soir il marquait ce fameux but.

Il a fait une saison extraordinaire en contribuant grandement au maintien et il est reparti à Grenoble comme il était venu, nous n’avons plus eu de nouvelles de lui.

Un vrai météore ! »

Revenons à vous, pourquoi avoir quitté le Sporting ?

– « Quand nous sommes montés en division 1, j’avais terminé mes études et je commençais à travailler chez Solvay.

Alors que les joueurs professionnels avaient un entraînement en matinée et en soirée, moi, je ne participais qu’à celui de 19h.

Cela a duré tant que c’était possible mais un jour Monsieur Spaute m’a annoncé que nous passions au statut de club professionnel.

Il a été très honnête avec moi en me proposant un contrat pro alors que j’avais déjà 27 ans et que je ne me considérais pas comme un super joueur.

J’ai continué de jouer un an en réserve et je suis parti sans hésitation ni regret car j’avais tout donné et j’avais la certitude que mon avenir ne se situait plus sur un terrain mais chez Solvay. »

Vous avez trouvé le temps pour écrire un livre, ce n’est pas courant chez les footballeurs, y a-t-il eu une suite à cette aventure littéraire ?

– « Oh non !

Je l’ai d’abord fait pour moi, sans me prendre pour un écrivain.

Tous les livres parlent de vedette et je n’en suis pas une.

Ils sont écrits par des journalistes et je pensais que je pourrais trouver des mots plus justes si c’était écrit par un gars suant sur le terrain.

Quand j’en ai terminé l’écriture, je l’ai présenté à Jean-Louis Donnay qui était journaliste au Soir.

Il a fait la démarche d’en parler à une maison d’édition et, à ma grande surprise, j’ai signé un contrat. »

Vous avez été joueur-entraîneur au RAEC Mons ?

– « Oui, c’était aussi une chouette expérience en division 3.

Le club n’allait pas très bien et j’ai accepté d’aider le président avec la disponibilité que je pouvais lui offrir.

Pendant deux saisons, ce fut très enrichissant sur le plan humain mais absolument pas pour la vie privée.

Je n’avais plus de temps pour moi entre mon boulot, les entraînements de la semaine, le visionnage de l’équipe réserve et le match du dimanche pour lequel je coachais tout en jouant.

C’était un train de vie épuisant, les journées commençaient à 6h pour se terminer à près de 23h.

Mais je savais à l’avance que ce serait temporaire. »

Quel est votre avis sur le match de ce soir, face au FC Malinois ?

– « Je trouve que les deux équipes ne se sont pas livrées à fond.

Charleroi jouait avec beaucoup de pression et Malines, évoluant face à une nouvelle équipe, se méfiait des joueurs inconnus.

Au fil du temps, les zèbres se sont enhardis et en fin de match les malinois jouaient en regardant la montre.

S’il devait y avoir un vainqueur moral, je pense que le Sporting serait celui-là. »

Un avis sur les nouveaux joueurs ?

– « Pour une nouvelle qui incluait pas mal de nouveaux joueurs, je trouve qu’il y avait une bonne organisation, une belle solidarité entre ces garçons qui se connaissent depuis peu.

Dzinic a été très sobre et présent dans la défense.

Riou n’a rien à se reprocher, en plus d’avoir gardé le zéro, tout ce qu’il a fait était très correct.

Ederson est un bon milieu récupérateur et Biton a une belle présence athlétique, il sait garder le ballon.

En résumé, je suis agréablement surpris par la prestation de ce soir.

Mais le point qui me paraît extrêmement positif, c’est que l’équipe a du cœur.

Tout en suivant les résultats de loin, les échos que j’en avais me laissaient penser que cette équipe n’avait plus beaucoup d’âme, que c’était fini.

Et aujourd’hui, j’ai vu une équipe solidaire, qui se battait, qui mouillait le maillot.

D’ailleurs, le public ne s’y est pas trompé et a soutenu les joueurs du début à la fin et une ovation dés le dernier coup de sifflet.

Cela n’a pas du arriver souvent cette saison ce n’en est que plus précieux.

Le fait est qu’il y a encore un feu qui brule dans les cœurs et c’est, pour moi, quelque chose de très important.

J’en suis très heureux et j’espère que cela se traduira en point dés le prochain match contre Zulte-Waregem.

Cela pourrait-être le début d’une merveilleuse aventure surprise, que peu de bookmakers auraient imaginé (rires). »

Donc, vous avez passé une bonne soirée ?

– « Assurément, je tiens à remercier le Sporting de Charleroi pour cet accueil et cette discussion devant une bonne table.

J’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver d’anciennes connaissances, ainsi qu’un club important dans ma vie.

J’étais curieux en arrivant et maintenant je suis content d’être venu, c’était un beau bonheur. »

Nous sommes, nous aussi, heureux d’avoir accueilli un homme rempli d’émotion.

Un homme bien, qui a évoqué la montée avec des larmes de bonheur dans les yeux et qui nous a ouvert sa vie, pendant 4 heures, avec une belle et grande sincérité.

Merci Philippe et à bientôt.

PS : Encore un invité et un nouveau match sans défaite, la superstition des reportages précédents tient toujours.

FIN