Je ne sais pas vous mais, moi, durant mon enfance, j’ai souvent entendu ma mère m’asséner « Regarde devant toi ! » sur le chemin du retour de l’école… Il faut dire que j’avais une fameuse propension à laisser traîner mes yeux ailleurs que vers l’horizon. Peut-être parce qu’un bref coup d’œil droit devant ou la répétition quotidienne de ce trajet m’avait rassuré quant au manque de risque que j’encourais à arpenter, jour après jour, ces trottoirs monotones. Là où je pouvais me laisser distraire par la coiffure dépassée d’une vieille dame sur celui d’en face, par la rutilance d’une voiture de sport ou par les cris d’autres enfants qui jouaient dans leur jardin en façade. Non, mais, sérieusement, ils n’allaient pas à l’école, ces gamins-là ?
Qu’est-ce que je risquais à ne pas regarder « devant moi » ? Marcher dans une crotte de chien ? Bousculer quelqu’un qui venait à contresens ? Me prendre les pieds dans les irrégularités du sol ? Me manger une pilasse en béton ? OK, Maman, je dois l’admettre : tu avais raison sur ce point ! Parce que tout ça m’est arrivé… et m’arrive encore !
Grâce aux efforts consentis ces dernières semaines, à une rigueur défensive retrouvée malgré les changements imposés par le sort et à une efficacité offensive menée par un tandem Benavente-Osimhen en feu, les Zèbres touchent du bout des doigts le train de tête, celui-là même qui sera estampillé « playoffs 1 » dans une grosse dizaine de rencontre. Le genre de train qu’on ne veut surtout pas manquer… et encore moins quand on a tantôt occupé le dernier wagon – le 6e – comme c’était encore le cas il y a quelques jours, tantôt quand on est parvenu à s’y accrocher, comme dimanche en signant un partage encourageant à Anderlecht.
La sixième place n’est qu’à une unité des Carolos, qui jouent des coudes avec le Standard (qu’ils rencontreront le 26 décembre prochain) aux 7e rang de Pro League. Derrière, le plus proche concurrent pointe à 4 longueurs. Pas assez proche que pour être menaçant à court terme, donc « Regardez devant vous ! », et visez cette place actuellement occupée par La Gantoise. Il est tôt pour parler de « match pour la 6e place » ou de « match à 6 points » et risquer de se mettre une pression inutile, mais le fait est que l’emporter ce vendredi face aux Buffalos marquerait, après quelques jours seulement, le retour du Sporting dans le top 6 !
Tous au Stade ! Tous derrière – parce que, pour le coup, « devant », ça ne le fera pas – les Zèbres !
