Bienvenue chez toi, André Colasse. Partie 1

2 septembre 2010

Samedi 28 août 18h15, une petite pluie fine tombe sur le Stade du Pays de Charleroi.

Un homme arrive seul.

Il a la démarche vive et assurée de quelqu’un qui connaît la maison qui a l’immense plaisir de l’accueillir ce soir.

C’est un dur, un chef, un patron, cela se voit et se sent immédiatement, sans aucun doute.

Nous nous présentons à lui et c’est à peine s’il ne nous entraîne pas à sa suite pour nous faire découvrir les coulisses de son territoire.

Deux ou trois poignées de mains plus tard, il dédaigne l’ascenseur pour emprunter, d’une traite, les quelques volées d’escaliers qui nous conduisent aux business-seats.

Bienvenue chez toi, André Colasse.

Il est assurément l’homme qui aura écrit activement, comme joueur ou entraîneur, parmi les plus belles pages de l’Histoire zébrée d’après-guerre.

En prenant l’apéro, comment ne pas évoquer notre invité précédent, le Zèbre du Siècle, Georget Bertoncello.

A l’évocation du nom de son ancien équipier, les yeux André Colasse pétillent et un sourire éclaire enfin son visage.

– Georget, c’est un immense talent, un génie du football.

Je l’ai connu tout jeune, tous les trois avec Jean-Pol Spaute, nous avons fait l’école des jeunes.

D’abord en cadet à 12 ans, puis en scolaire pour arriver en équipe première à même pas 17 ans, en n’ayant quasiment pas joué en junior.

La montée de 65-66

J’avais 18 ans lors de la saison 1965-66.

La trentième et dernière journée du championnat régulier allait été fertile en suspense.

Nous étions troisième du classement derrière Seraing et à égalité avec Waterschei qui avait une meilleure différence de but.

Déplacement à Diest, il fallait un miracle pour espérer monter.

Nous devions absolument gagner, tandis que Seraing jouait face à une équipe complètement démobilisée.

Pol Anoul, notre entraîneur, m’a demandé de jouer avant-centre car il n’y avait plus personne de valide à cette place.

Diest inscrit le 1-0 mais nous gagnons 1-4, ce qui nous a permis de rattraper la différence de but sur les limbourgeois et je marque 2 fois.

En rentrant au vestiaire, nous avons appris que Seraing était dépassé par ses deux poursuivants qui devaient se départager pour la montée en Division 1.

Direction le Parc Duden, territoire de l’Union St Gilloise.

Cinquante cars de supporters carolos nous accompagnent, c’était démentiel, on n’avançait plus de Bruxelles à Waterloo.

C’est certainement la dernière fois que ce stade a été rempli (rires).

Comme ça avait bien fonctionné, Pol Anoul me replace avant-centre.

Nous n’étions pas favoris, Waterschei avait de biens meilleures statistiques que nous.

C’est toujours 0-0 à la fin du temps réglementaire et nous devons jouer des prolongations.

Jean-Marie Letawe fait 1-0 et moi, le 2-0

Ce match restera dans ma mémoire, toute ma vie, comme le match le plus important de ma carrière de joueur, avec celui du Standard en 1969.