Mehdi répond aux supporters (1re partie)

18 mai 2012

Mehdi Bayat a accepté de répondre aux questions que les internautes lui ont posées sur le nouveau forum de discussion des supporters.

Voici quelques extraits choisis de ce très long entretien.
Retrouvez la totalité des questions posées et des réponses sur www.allezleszebres.be

————–

– Mehdi, Charleroi remonte-t-il avec des ambitions ou seulement dans l’optique du maintien ?

« Il faut être réaliste. On vient de vivre une saison difficile à tous les niveaux en D2. Il faut remonter en se disant que c’est une année de transition qui devra nous permettre de restructurer le club et lui rendre une envergure professionnelle digne d’une équipe de l’élite. Un club, ce n’est pas que du sportif, il y a aussi beaucoup de choses qui tournent autour de lui… et il faut remettre en place tout cela. Nous allons faire le travail nécessaire pour ne pas avoir trop de mal sportivement et assurer le maintien. Et puis, on ira grappiller ce qu’on peut grappiller. Il faut être logique et ne pas avoir d’ambitions démesurées : ce sera une année de transition où il faudra assurer une base solide. Si on arrive à faire un copier/coller de la saison de Mons, qui venait de remonter de D2 cette année-ci, ce sera parfait. Je signe à deux mains.»

– Quelle est la première chose à faire, à accomplir, dans l’optique de la saison prochaine ? Quelle est la priorité des priorités ?

« Il faut mettre en place un staff. C’est valable pour n’importe quel club. Nous avons presque finalisé l’entraîneur du noyau A. Cela ne devrait plus tarder. Ensuite, il faut mettre en place son staff autour de lui, pour préparer le projet sportif pour la saison prochaine. Une fois que ce sera en place, on va s’occuper de tout le reste. La première priorité, c’est la mise en place de la ligne de conduite du projet sportif autour du noyau A. Et pour cela, on a déjà commencé à travailler, à beaucoup travailler. Cela me fait rire quand je lis le contraire dans la presse, qui semble vouloir en rajouter une couche chaque jour. A les lire, le Sporting est une sorte de bateau ivre qui n’a plus personne aux commandes. C’est ridicule. Ils ignorent complètement tout le travail abattu par les personnes en place. Je peux vous dire que je suis épaulé par une équipe super dynamique qui sait ce qu’elle fait, qui sait ce qu’elle prépare, qui sait ce qu’elle met en place et pour qui les choses sont très claires. La reprise des entraînements est prévue pour le 14 juin et on est dans les temps à tous les niveaux. »

– Mais on n’a pas encore de coach… et on a l’impression qu’on perd pas mal de temps alors qu’on a l’avantage d’être champion et qu’on ne doit pas consacrer notre énergie à des Play-off ou un tour final. Ne galvaude-t-on pas cet avantage ?

« Je ne crois pas qu’on perde du temps. Le Président a dit que son choix se porterait clairement en faveur de la continuation du contrat de Dennis van Wijk. Les deux hommes se sont rencontrés. En Division 2, Monsieur van Wijk avait une mission très claire, qui était un impératif : la montée. En D1, les choses seront différentes et donc un contrat ne se négocie pas de la même manière. Le club devait faire une proposition à Dennis van Wijk et il y avait certaines analyses à faire. Il faut bien accepter que si on fait ça sérieusement, ça ne peut pas se régler en deux jours. Je ne suis pas sûr qu’on ait perdu du temps. Il y avait certaines contraintes qui existaient, mais aujourd’hui les choses peuvent aller vite. On est en retard sur aucun dossier ! Notre cellule de scouting travaille pour le recrutement des joueurs, mais celui-ci se fera entre la Direction et le coach. La Direction doit mettre en place des mesures budgétaires. Et le coach doit composer l’équipe qu’il accompagnera et devra créer l’équilibre autour de tout ça. Je le répète, mais c’est important, on n’est pas du tout en retard. Cette façon que la presse à de raconter que tout va mal au Sporting de Charleroi et qu’on est en retard est tout à fait injustifiée : tout se met en place normalement. Pour moi, il n’y a pas de souci. »

– C’est pourtant l’image qu’on donne aux supporters…

« Mais j’en suis conscient, c’est pourquoi je clarifie les choses : il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
On n’est pas à une semaine de la reprise des entraînements… et, personnellement, je peux vous dire que je sais que le dossier avance très bien entre Abbas Bayat et Dennis van Wijk. Au moment opportun, on signalera qu’il y a un contrat effectif, le cas échéant. »

– Qui s’occupe des transferts au Rcsc ?

« Les transferts sportifs sont étudiés par le staff et la Direction du club, à savoir Abbas et Mehdi Bayat. »

– Certains joueurs ont-ils manifesté l’envie de rester ?

« Bien sûr. »

– Qu’en est-il du dossier Dudu Biton ? Va-t-il revenir ?

« Biton est sous contrat avec Charleroi. »

– Donc il revient ?

« Jusqu’à preuve du contraire, si on ne conclut pas un nouvel accord avec un nouveau club, Dudu Biton revient à Charleroi. Il y avait une date limite jusqu’à laquelle le club polonais pouvait lever une option d’achat et il ne l’a pas fait. Dudu Biton doit donc respecter ses engagements contractuels avec le RCSC, sauf si entre temps on trouve un accord avec une autre équipe. »

– Est-ce vrai que Biton ne veut plus jouer pour le Sporting ?

« Il y a des rumeurs sur tout. »

– Il l’aurait déclaré à la presse polonaise…

« Je ne sais pas. Moi, je lui parle directement. Tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est un garçon respectable qui est bien conscient qu’il est encore sous contrat avec nous. Point. »

– Un mot sur les supporters du Sporting ?

« Les gens le savent : j’aime bien les supporters. Je suis proche des supporters. Il y a beaucoup de contacts. La porte n’a jamais été fermée. Je peux comprendre le désarroi de certains supporters, mais ce que je n’aime pas c’est quand la violence et la haine prennent le dessus sur tout. Cela me fait mal au cœur. On voit parfois des choses qui n’ont pas leur place dans un stade. Ce que j’ai envie, c’est de retrouver le bon côté de ces supporters magiques qui ont poussé l’équipe à remonter en D1 à domicile et en déplacement, ces supporters qui vivent pour leur club. Je rencontre tous les jours nos supporters. Je les vois vivre leur passion pleinement et je les respecte. J’ai envie qu’ils vivent de bonnes saisons, qu’ils aient du plaisir pendant les matches. J’ai envie que les gens puissent revenir en famille sans avoir de peur ou de crainte. Notre passion, c’est l’amour commun pour le club et les couleurs zébrées. »

– Qu’aurais-tu envie de répondre aux supporters quand tu entends crier « Bayat casse-toi »?

« C’est quelque chose qui fait mal au cœur. Des fois, certaines personnes me disent que ce n’est pas moi que l’on vise. Ben, si. Il y a une chose qui fait partie d’un de mes traits de caractère, c’est que pour moi, on est tous dans la même barque… dans les bons moments et les mauvais. Si aujourd’hui, certains supporters veulent remettre tous les maux du club sur la tête d’une seule personne et réclamer son départ, c’est leur droit. On vit dans un pays démocratique. Chacun a le droit d’avoir ses opinions. Mais, ils ne doivent pas oublier aussi que l’âme d’un club n’appartient pas qu’à ses supporters. Le club a plus de 100 ans aujourd’hui, il y aura encore de nombreux présidents qui vont passer et il y en a eu de nombreux au cours des 100 dernières années. La passion va encore se transmettre. Ce que j’essaie de dire, c’est que je n’associe pas un « Casse-toi, Bayat ! » à un problème unique avec Abbas Bayat. J’ai aussi pas mal de responsabilités au sein du club. Il y a eu un couac à un moment pour qu’on en arrive à cette situation extrême. Dans les yeux de certains supporters, il y a vraiment de la haine. Ce n’est pas normal. Il y a eu des erreurs à certains moments et je vais essayer de faire en sorte qu’il n’y en ait plus dans le futur et surtout de rouvrir un dialogue avec les supporters. J’ai envie de le faire et je m’engage à le faire. Il faut que cette haine que j’ai vue dans certains actes de supporters se transforme en énergie positive pour faire aller le club de l’avant. Pour cela, il n’y a pas de miracle, il faut s’expliquer. Il faut comprendre ce qu’il y a dans le cœur de nos supporters. Et je m’engage à le faire cette année. Je suis un grand défenseur de Charleroi, car j’ai découvert des gens extraordinaires ici et je fais un peu office d’ambassadeur de la ville quand je suis à l’extérieur. Et ça m’attriste qu’on associe la ville et le club à cette image de supporters violents et tristes. Je ne les mets pas en cause. Je peux comprendre qu’il y ait des choses qui les gênent. Mais essayons que la haine disparaisse pour faire place uniquement à de la passion pour le club. »

– La fracture entre les supporters et le président et le fait que tu t’appelles Bayat donne lieu à des situations comme celle du match contre Tubize, sur le podium, où tu as été hué par une partie de l’esplanade. Comment vis-tu cette situation et la trouves-tu justifiée ?

« Cela fait mal de voir certaines personnes qui huent alors que d’autres applaudissent. Je n’ai pas la prétention de rechercher les applaudissements non plus. Je fais simplement mon travail. Maintenant peut-être que certaines personnes suivent le mouvement sans me connaître, sans savoir, et font des amalgames. Je n’en sais rien. Moi, je suis tous les jours à Charleroi et ma porte a toujours été ouverte. Si on a un problème avec moi, qu’on vienne me trouver pour me l’expliquer. Et on cherchera une solution. Je n’ai jamais fui mes responsabilités et je continuerai à faire mon travail. Cela fait dix ans que je le prouve. Je suis quelqu’un de discret. On ne me voit dans la presse que lorsque je suis obligé d’y être par rapport à mes fonctions. Je ne vais pas non plus créer des problèmes et des histoires pour me mettre en avant. Rester un travailleur de l’ombre, cela me va très bien. Et surtout, je ne suis pas un homme de conflits, mais de solutions. »