Mehdi Bayat : "Javi aura marqué l’histoire de notre club"
"Il y a quelques jours, nous avons connu un moment important avec la présentation de notre nouvel entraîneur. Aujourd’hui, j’ai tout autant d’émotions, suite à l’annonce qui va être faite….
J’ai rencontré Javi et, après discussion, nous avons décidé que le moment était venu d’arrêter sa carrière, au Sporting de Charleroi.
Javi a été, pour moi, bien plus qu’un joueur fidèle. Un vrai partenaire. Nous avons grandi ensemble, Javi fut mon premier transfert de l’ère Abbas Bayat. Javi nous avait rejoint en janvier, alors que nous étions en deuxième division. Avec tout ce que nous avons affronté, main dans la main, ensemble, ce moment est très émotionnel pour moi. Il y eut le passage en D2, la remontée en D1, nous avons connu la reprise du club en 2012 et la construction d’un projet, où Javi fut l’un des principaux acteurs.
Plus de trois cents matches, en huit ans, c’est un ratio exceptionnel. Je pense même qu’il à dû battre quelques records. Il a disputé nonante-quatre rencontres consécutives, comme titulaire. C’est juste exceptionnel.
Il a connu, finalement, quelques entraîneurs qui lui ont toujours fait confiance. Il a, aussi, connu la stabilité, avec l’arrivée de Felice Mazzù.
Je pense que Javi, au travers tout ce qu’il a fait, mérite d’être remercié dignement. Nous l’avons fait, lors du dernier match à domicile, contre Eupen. À cette occasion, le public a pu montrer toute l’affection et le respect qu’il avait pour lui. De même pour les joueurs, le personnel du club et la direction.
En ce jour, suite à notre discussion, le plus important, pour moi, était que Javi sorte par la grande porte. Le choix qu’il a décidé d’acter est à l’image de l’exceptionnelle carrière qu’il a eue, à Charleroi. Il est arrivé lors d’une période difficile et compliquée et, aujourd’hui, je peux dire qu’il aura marqué l’histoire de notre club et qu’il sort par la grande porte.
Nous ne le remercierons jamais assez, il sera toujours le bienvenu à Charleroi, sa maison.
Nous resterons en contact et je lui souhaite le meilleur à lui et à sa famille. Je sais, que de son côté, il gardera Charleroi dans son cœur, comme une deuxième maison.
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Javi Martos : "Partir n’est pas facile…."
"Ma relation avec le Sporting serait impossible à mettre sur papier. Mais, il arrive un moment où tu te dois d’être honnête avec toi-même et tes valeurs. Lorsque tu vois, comme en fin de saison passée, que ton corps commence à être sur les limites. J’estime que pour porter ce maillot, tu dois être à 100%, lors de chaque rencontre et il y eut des moments où ce fut plus difficile.
Je dois remercier Mehdi car, j’ai eu la chance de pouvoir continuer ou non et cela me touche beaucoup. Mais, je dois être honnête. Il faut savoir reconnaître le bon moment pour arrêter. Après avoir longuement réfléchi, cet été, je pense que le moment est venu. Si je restais un peu plus, sans les jambes pour suivre et apporter quelque chose, que ce soit sur le banc ou le terrain, ce n’était pas honnête de continuer.
D’autres clubs belges m’ont contacté, pour jouer dans une équipe. Mais, honnêtement, je n’ai aucune envie de revenir ici, dans ce stade, avec un maillot différent. Ce sont des choses que tu ressens, mais qui sont inexplicables. Pour moi, il est hors de question de jouer contre Charleroi.
Le moment est venu de retourner chez moi, avec ma famille, de retrouver mes origines, de poursuivre une formation et nous verrons ce qu’il arrivera, par la suite. Je reviendrai, de temps en temps, voir mon équipe. Je me suis déjà équipé pour pouvoir regarder les matches, depuis l’Espagne.
J’ai passé des moments difficiles. Lorsque j’étais avec le groupe, ce matin, ils m’ont fait un peu pleurer….. (NDLR: Javi a les larmes aux yeux). C’est ainsi, tu dois venir remercier tout le monde. J’étais heureux, ici. Ma famille, mes parents m’ont dit "Là-bas, c’est aussi ta famille" et c’est la vérité. Mehdi et Pierre-Yves ont fait beaucoup pour ma femme et ma fille.
Je pars en gardant de bons amis ici : le personnel, Bello, les dames de nettoyage, Nadine, tout le monde…. Pour un joueur de football, c’est un rêve de trouver une telle place. Cette chance n’arrive pas à tout le monde. Je finis ma carrière et je ne serai pas millionnaire. Mais tout ce que j’ai connu, ici, je ne l’échangerai pas contre tout l’or du monde.
Une nouvelle période commence, pour moi et Charleroi va continuer à grandir, j’en suis certain. Je suis très heureux d’avoir fait partie de l’histoire de ce club. Je dois remercier tous les supporters et je dois aussi m’excuser, auprès d’eux, de m’arrêter. Je pense que c’est le meilleur service que je puisse rendre au Sporting, c’est de ranger mes crampons, de finir comme cela et pas d’une façon différente.
Une grande partie de la saison dernière, j’étais encore à 100%, je mangeais le terrain, je connaissais ma condition. Aujourd’hui, je ne pourrais plus suivre et lorsque tu portes ce maillot, tu dois te donner à 100%. Être là et être à 80%, ce n’est pas assez. Ce n’est pas pour moi mais pour mes équipiers que je dis cela. Nous formions une famille et j’aurais donné ma vie, pour cette équipe. Mais si je n’ai pas le niveau, que j’estime minimum, pour ce club, je ne mérite pas mon salaire. Sans ces conditions, la saison serait très longue pour moi, je ne serais pas heureux et ce n’est pas nécessaire.
Dans un premier temps, je vais reprendre ma formation, finir ma carrière universitaire et suivre des cours d’entraîneur.
J’ai aussi refusé des offres de l’étranger, car je n’avais pas envie de partir loin. Les choses évolueront lors des prochaines semaines, mais il est trop tôt pour en parler. J’ai différents projets et j’évoluerais, peut-être, encore au niveau D3 ou D4, pour profiter encore du football, mais surtout pour apprendre.
Il m’est très difficile de ne choisir qu’un événement. Le jour où nous sommes remontés en D1 était particulier pour moi, jouer l’Europa League l’était aussi. C’est très difficile de choisir. Chaque rencontre de ces PO2 fut spéciale, car je savais, au fond de moi-même, que c’était, peut-être, le dernier match. Et je ne pourrais oublier le jour où les supporters m’ont remis le zèbre d’or. C’était magique, car je ne suis pas un attaquant, pas un buteur, je suis un travailleur, un joueur régulier qui connait ses qualités et ses défauts. Habituellement, de tels joueurs ne reçoivent pas de trophées. Généralement, ce sont les joueurs dotés de talents spéciaux qui sont récompensés. Cela prouve que nos supporters voient ton travail. Il n’y a pas une personne, ici, qui a été mauvaise avec moi. Partir n’est pas facile…."
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