À l’ancienne : Jean-Jacques Missé-Missé

22 avril 2020

 

 

En prélude à sa seconde saison au Mambourg, celle de la confirmation, Jean-Jacques Missé-Missé avait déclaré : "Les défenseurs me connaissent maintenant… mais moi aussi, je les connais !". Débarqué de son Cameroun natal, il échoue à l’US Andenne, en Promotion (la D3 actuelle), où il empile les buts et éveille l’intérêt des dirigeants Jean-Paul Spaute et Gaston Colson, à l’aube de la saison 93-94, celle qui conduira les Zèbres en Coupe d’Europe, sous la houlette du regretté Robert Waseige. L’élégant attaquant au geste raffiné et rusé affolera les marquoirs et dansera la java à 37 reprises en 93 rencontres avant de suivre le Mage au Sporting Portugal… Depuis, notre Lion Indomptable (4 buts en 10 sélections en équipe nationale du Cameroun de 1994 à 1997) ne s’est jamais départi de sa bonne humeur et de ses principes philosophiques pour revenir, avec nous, sur son brillant parcours dans les rangs zébrés….

 

 
 

 – Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous vous présenter brièvement et retracer votre parcours ?

" Avant d’arriver à Charleroi, j’ai commencé le football à l’Entente de Ngaoudere et je suis passé par l’Union Douala, Canyon Yaoundé, Diamant Yaoundé, avant d’arriver en Europe, à Andenne et, ensuite à Charleroi. Par la suite, j’ai joué pour le Sporting Portugal, en Écosse, Turquie, Angleterre, Grèce et en Belgique à La Louvière, Ostende et au FC Malines. J’ai gagné le championnat et la Coupe du Cameroun. J’ai connu mes premières sélections internationales, chez les jeunes, en 1983. Peu avant le Coupe du Monde 1990, je me blesse et dois faire l’impasse sur la compétition. 


– Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir ?

"Les bons et les mauvais souvenirs sont des éléments de la vie. C’est ce qui nous apporte la sagesse et l’expérience.
Pour un footballeur, une blessure est toujours un mauvais souvenir. Surtout à l’approche d’une Coupe du Monde et que votre sélection avait fait la première grosse performance africaine. J’aurais beaucoup aimé aller en 1/4 de finales avec eux…. Voilà un mauvais souvenir.
Si je ne dois citer qu’un bon souvenir, ce sera la naissance de mes enfants."


– Durant votre carrière, y a-t-il des joueurs et des entraîneurs qui vous ont marqué (équipiers ou adversaires) ?

"J’ai appris de tous mes entraîneurs. Tous m’ont marqué, chacun à leur façon. Chacun avait quelque chose de positif en lui. Même Ariel Jacobs, avec qui j’étais en désaccord – ce qui a entraîné la fin de mon contrat – à La Louvière. Nous nous sommes expliqués, avons donné nos points de vues et les choses se sont arrangées."

– Quel souvenir garderez-vous de votre passage, au Sporting ?

 "Le souvenir que je garde de mon passage au Sporting, c’est celui d’une équipe déjà expérimentée, qui savait ce qu’elle voulait. Aussi celui du public, des supporters très chaleureux. Le public de Charleroi est un public toujours présent, même lorsque le club est descendu, ils étaient là. Ce sont des gens que l’on n’oublie pas."
 

– Un match que vous n’oublierez jamais ?

"Mon premier match avec le Sporting, contre Genk. Nous l’avons emporté 2-1 (buts de Brogno et Balog, NDLR). Je retrouvais le haut niveau et cela me faisait plaisir..
Idem pour mon premier match au Cameroun. Pour la première fois, je me trouvais face à face avec les grands défenseurs camerounais de l’époque (Ndoumbé, Kundé, N’Djeya…). Je pense que pour tous les jeunes footballeurs, il en est de même."

 



Noyau 95-96

Toletti, Frans, Van Meir, Wuillot, Bukran, Fiers, Desloover, Begasse, Dal Mut.

Huel,Teklak, Mommens, Gerard, Moury, Gulyas, Brncic, Remy, Petaccia, Omelianovitch, Sustendael.

Bertinchamps, Silvagni, Brogno, Krncevic, Balog, Peruzovic, Rasquin, Acheampong, Casto, Misse-Misse, Piersoul.

 
 

– Des anecdotes, des souvenirs que vous garderez, à jamais, en mémoire ?

"Généralement, ce sont des anecdotes de vestiaires. Je préfère ne pas trop m’attarder, sur cela."


– Avez-vous gardé des contacts avec d’autres joueurs ou entraîneurs ?

"Nous avons chacun nos activités, mais il y a Facebook. On parle avec certains, on discute avec d’autres…. C’est ainsi avec les footballeurs, on sait où les autres sont, on garde le contact."


– Toutes générations confondues, si vous ne deviez nommer qu’un zèbre, qui serait-ce ?

"Il me serait très difficile de ne citer qu’un seul nom. À l’époque, nous avions une génération de footballeurs responsables. Donc, quand les choses ne tournaient pas, on se réunissait et on prenait des décisions.
Si je devais en choisir un seul, ce serait Nebosja Malbasa. En plus de notre complicité, dans le jeu, c’était quelqu’un de très posé."


– Le Sporting a toujours eu des supporters chaleureux. Vous qui étiez l’un des chouchous du public, quels étaient vos rapports avec eux ?

"Ma relation avec les supporters a toujours été très bonne. Ils savent que, sur le terrain, je me suis toujours donné à 100 %, j’ai toujours fait ce qu’il fallait faire. C’est vrai qu’il y eut des matches où nous étions un peu moins en forme, mais dans l’ensemble, tout a toujours été positif. J’ai eu la chance d’être apprécié par le public carolo et, de mon côté, je leur rendais cela en étant performant, sur le terrain."


– On ne peut parler de vous sans évoquer l’équipe nationale du Cameroun et la Coupe du Monde 1994….

"Lorsque j’ai vu ce qui se passait, autour de la sélection, j’ai décidé de ne pas y aller. Il y avait des magouilles et des choses que je ne pouvais accepter. J’ai préféré ne pas être humilié. Toute la préparation avait été catastrophique. Si l’on compare avec la Coupe du Monde 1990, c’était le jour et la nuit. Je savais que le peu de condition physique que nous avions acquis, durant la préparation, ne serait utile que pour un match. Le premier match, face à la Suède (2-2), n’était qu’une illusion. Les deux rencontres suivantes, face au Brésil et à la Russie se soldèrent par de lourdes défaites (3-0 & 6-1)."

 


En action, face à Glen De Boeck .

 
 

– Le football évolue. Quel est votre avis sur cela ?

"Aujourd’hui, le football a fortement évolué. À un moment, comme toute chose, cela va s’arrêter, cela va stagner et on va réfléchir à d’autres choses. C’est devenu un monde d’affaires, de business. Avec les formations, ce sont des robots que l’on forme. Alors que l’instinct du footballeur disparaît dès la jeunesse. À un enfant, il faut lui donner le ballon, il faut qu’il dribble, qu’il s’approprie le ballon, qu’il fasse corps avec lui. J’ai vu des enfants qui savaient dribbler et qui, aujourd’hui, ne savent plus passer un adversaire. Les enfants n’osent plus dribbler, car ils savent que l’entraîneur va gueuler, derrière."


– Avec recul, avez-vous des regrets sur votre carrière ?

"Les regrets ne durent pas. On vit, on avance, un jour n’est pas l’autre. Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas de regrets. Dans le football, comme dans la vie, il y a de nombreuses choses que l’on pourrait regretter. À quoi bon ? Il faut lever la tête et continuer d’avancer. Les erreurs passées nous permettent d’évoluer et de voir l’avenir avec plus d’optimisme. Passer le temps à se morfondre ne sert à rien."


– Suivez-vous, toujours le Sporting et venez-vous au stade ?

"Je suis loin de la Belgique et je ne suis plus vraiment le championnat. Je sais, cependant, que le Sporting grandit, évolue, qu’il serait dans le top 3 du championnat et qu’il disputerait une Coupe d’Europe."


– Dans le groupe actuel, quels sont les joueurs qui vous plaisent, qui se démarquent ?

"Je ne pourrais malheureusement pas citer de nom. Lorsqu’il y a des manifestations à Charleroi, nous ne sommes que rarement invités. Hormis Atty Affo, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de joueurs de ma génération qui sont régulièrement présents au stade ou qui y travaillent. Dans certains clubs, il arrive que des anciens travaillent dans le staff ou pour les écoles de jeunes. Mais cela reste assez rare…."


– Aujourd’hui, que devenez-vous ?

"Je suis actuellement confiné au Cameroun, où je préparais mon jubilé. L’organisation prend du temps et le coronavirus nous oblige à décaler de nombreuses choses. Quoiqu’il en soit, ce jubilé sera une grande fête d’humanité et de football." 

 
 
 

En sélection Camerounaise.
Avec Bell, Tchami, Kana-Biyik, Kalla, Maboang et Mbouh (e.a).