À L’ANCIENNE : GREGORY CHRIST

22 juin 2020 #à l'ancienne

 

 

Il a beau porter le nom du Seigneur, il ne tendrait pas pour autant l’autre joue devant son opposant direct. Au contraire, il ne lui laissait aucun répit et s’il lui arrivait d’être contré et de perdre le ballon, il s’arrachait de tout son cœur mais aussi de toute sa hargne afin de se le réapproprier.

Vivace, subtil comme l’éclair, habile des deux pieds, il marchait du feu de Dieu à gauche, au centre et à droite de la ligne médiane, exploitant la moindre opportunité pour accomplir des miracles, s’engouffrer dans les espaces et rompre le rideau défensif adverse.

Dans les tribunes du Mambourg, ils étaient par centaines, par milliers à se rallier à sa cause. Lui se contentait de répondre par des tirs percutants, des conduites de balle déroutantes et des crochets foudroyants. C’était son discours le plus persuasif, qui laissait pantois et sans voix l’âme perdue qui pouvait se trouver sur son chemin – pas de croix.

Durant sa carrière, il n’avait pas dix commandements mais deux préceptes religieux : "Ne jamais lâcher…" et "Tout peut arriver…". Lorsqu’un jour béni de l’an 2004, Raymond Mommens vint le chercher au RC Paris, il réussit le sien et ressuscita du jour au lendemain. Le Mambourg devint son Royaume où il communia à 8 reprises en 162 offices… Écoutons la voix du Christ !

 



 

– Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous vous présenter brièvement et retracer votre parcours ?

"J’ai été formé à Beauvais. Par la suite, j’ai joué au Racing 92,  Charleroi, St Trond,  Duisburg. J’ai aussi connu les championnats de Grèce et de Hongrie. Par la suite, je suis revenu en Belgique au White Star, à l’Olympic, Tamines et Chapelle"
 

– Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir ?

"Mon meilleur souvenir reste notre quatrième place avec le Sporting (ex-aequo avec La Gantoise, mais avec une victoire en moins, 18 pour 19, ndlr) et l’envahissement du terrain. Je m’en souviens, j’ai terminé en slip après avoir donné toutes mes affaires aux fans."
 

– Si vous deviez définir le Sporting Charleroi en quelques mots ?

"À mon époque, le Sporting était un club familial. C’est comme cela que je le définirais. Les gens qui y travaillaient, que ce soit dans les bureaux ou les femmes de ménage, je m’entendais bien avec tout le monde. Le respect était réciproque. J’allais même boire mon café le matin avec eux. C’est tout dire."


– Durant votre carrière, y a-t-il des joueurs et des entraîneurs qui vous ont marqué (équipiers ou adversaires) ?

"Willhemson, Dindane, Hassan, Kompany sont les joueurs les plus forts contre lesquels j’ai joué. Dans mes coéquipiers, Majid Oulmers était le plus doué et le plus bosseur. Il n’a pas eu la carrière qu’il méritait. Comme coach, Jacky Mathijssen est celui qui m’a le plus fait progresser."


– Vous souvenez-vous de vos débuts, au Sporting ?

"Mes débuts au Sporting, je m’en souviens comme-ci c’était hier: défaite 0-1 contre Westerlo." 


 


En action, avec Sven Vermant (FC Bruges)



– Un match que vous n’oublierez jamais ?

"Notre victoire contre le Standard 2-1. Si je me souviens bien, cette saison-là, ils étaient invaincus. Le stade était en ébullition. Je suis rentré quelques minutes. C’était spectaculaire à voir, l’ambiance était bouillante."


– Elles doivent être nombreuses, mais y a-t-il des anecdotes, des souvenirs que vous garderez, à jamais, en mémoire ?

"Mes premières années au Sporting sont faites de moments inoubliables. Une bande de vrais amis, pas de stars, beaucoup de chambrages. J’étais pressé de retourner à l’entraînement, le lendemain. J’ai beaucoup trop d’anecdotes de vestiaire. Ce serait trop long de toutes les citer"


– Avez-vous gardé des contacts avec d’autres joueurs ou entraîneurs ?

"J’ai des contacts avec beaucoup de joueurs : Cordaro, Chabaud, Baguette, Reina, Siquet, Defays et mon ami Fabien Camus, qui vient a la maison quand il en a l’occasion."


– Toutes générations confondues, si vous ne deviez nommer qu’un Zèbre, qui serait-ce ?

"Bertrand Laquait, à 1000%"


– Le Sporting a toujours eu des supporters chaleureux, quels étaient vos rapports avec eux ?

" J’avais un très bon rapport, avec eux. Ce sont les meilleurs fans de Belgique. Ils sont passionnés et connaisseurs. Quand je démarrais sur le banc, ils scandaient mon nom. Ça restera gravé à jamais dans mon cœur. Ils ne m’ont jamais sifflé, même quand je loupais 2-3 centres de suite. Je n’ai que de la reconnaissance envers eux et je les remercie pour tout ce qu’ils m’ont apporté."





Avec le futur zèbre Ederson (sous le maillot du Germinal Beerschot)


 

– Les passements de jambes, les crochets, les roulades…. Pour beaucoup, c’était votre marque fabrique. Était-ce inné ?

"Je pense que mon crochet était inné. Et, oui, j’adorais dribbler "


– Vous faites partie de le première vague de joueurs Français à avoir porté le maillot du Sporting, avec succés. Par quelles circonstances êtes-vous arrivé à Charleroi ?

"Je me souviens de Raymond Mommens, qui était scout à l’époque. Il était venu voir un autre joueur, quand je jouais au Racing. Finalement, c’est moi qui suis reparti dans ses valises. Il faut toujours un brin de chance, dans le football."


– Comparativement à la Belgique, les divisions infèrieures françaises sont-elles un vivier de talents ?

"Il ne faut pas sous-estimer les divisons inférieures, en Belgique. J’ai déjà rencontré de super joueurs, mais qui ne voulaient pas spécialement en faire leur métier. Il y beaucoup de sacrifices à faire pour exercer ce métier, il faut un mental d’acier et beaucoup de chance pour faire une carrière. Mais il est est vrai qu’en France il y a énormément de talents."

– Que pensez-vous du Sporting actuel ?

"Je ne vous cache pas que je ne suis plus trop les actualités. Mais les premiers résultats que je regarde sont toujours ceux des Zèbres."


– Qui était votre idole de jeunesse ?

"Zinedine Zidane était mon idole."



 

 


– Le football a évolué, en bien ou en mal. Quel est votre avis sur cela ?

"À mon époque, il y avait des grands joueurs, en Jupiler League. Il suffit de comparer l’Anderlecht de cette époque et celui d’aujourd’hui. Ce n’est que mon avis."


– Avec recul, avez-vous des regrets sur votre carrière ?

"Oui, j’ai d’énormes regrets. Le fait de n’avoir jamais été un bosseur, je n’allais jamais à la salle, j’étais toujours le dernier arrivé et le premier à partir. J’aurais pu intégrer d’autres palettes à mon jeu. Malheureusement, j’étais trop fainéant. Voilà mon vrai gros regret. 
Ensuite, je n’étais pas assez décisif. Je pensais plus à faire marquer que d’inscrire des buts. Je pensais trop collectif et pas assez à moi. J’aurais fait une autre carrière, aujourd’hui."


– Suivez-vous, toujours le Sporting et venez-vous au stade ?

"Cette saison, je ne suis pas allé au stade. Les années précédentes, je m’y rendais, au minimum deux à trois fois."


– Dans le groupe actuel, quels sont les joueurs qui vous plaisent, qui se démarquent ?

"J’avoue que je ne connais pas grand chose de l’équipe actuelle." 


– Aujourd’hui, que devenez-vous ?

"Actuellement, je passe les diplômes d’entraîneur."

 


Noyau 2006-2007
Steve Verelst, Thibaut Detal, Laurent Ciman, Fabian Cremers, Izzet Akgul, Damien Lahaye, Sebastien Chabaud, Fabian Camus.
Thierry Siquet, Dante Bonfim, Tim Smolders, Cyril Thereau, Denis Souza, Bertrand Laquait, Orlando, Velimir Varga, Sebastien Van Aerschoot, Mahamoudou Habibou, Philippe Vandewalle.
Dante Brogno, Joseph Akpala, Gregory Christ, Mahamoudou Kere, Jacky Mathijssen, Frank Defays, Abdelmajid Oulmers, Ibrahima Diallo; Eric Roex