Bienvenue chez toi, Rudy Moury (partie 4)

13 novembre 2010

A l’entame d’une saison, vous vous êtes présentés en ayant coupé vos célèbres boucles blondes.

C’était une consigne du coach ou une coquetterie personnelle ?

– « J’avais envie de changer, ce n’était pas très court mais on s’en souvient.

D’ailleurs Philippe Dewitte de La Nouvelle Gazette avait envoyé une équipe pour faire un article.

Le lendemain, j’avais ma photo dans le journal avec le titre « SERA-T-IL COMME SAMSON ? ».

Comme par hasard, j’ai raté complètement le match suivant et les supporters m’ont interpellé parce que selon eux, tout comme Samson, j’avais perdu ma force.

C’est la preuve que j’avais une image auprès des supporters, celle d’un joueur de flanc avec des longs cheveux.

Quand j’étais gamin, j’étais amoureux de la Hollande, celle de Rensenbrink à la Coupe du Monde 78 en Argentine.

Il y avait le back gauche argentin qui s’appelait Alberto Tarantini, il faisait des courses de 30-40 mètres et je trouvais ça spectaculaire de voir ses cheveux qui balançaient dans le vent. »

C’est le moment que nous choisissons pour ressortir une vieille photo dédicacée de Rudy.

– « Hahaha, c’est barbare !!!

Il m’arrive d’aller boire un petit café « Aux Colonnades » et là-bas, le patron a conservé toutes les photos.

Quand on regarde celle-là, il me dit « c’est pas possible Rud, tu tacklais à la carotide » (rires).

J’adore cette photo, regarde les cheveux, c’était l’image de marque. »

Aussitôt re-dédicacée en 2010, merci Rudy.

Tu as également joué avec des chaussures blanches ?

– « Oui, c’était en 96 ou en 97, la deuxième année de Péruzovic.

J’étais un des premiers, même dans le foot mondial, à cette époque-là personne ne faisait ce genre de fantaisie.

Il y a une photo de moi dans le livre du Centenaire (page 186, ndlwt).

C’est un sponsor qui s’était présenté à moi, c’était innovant et deux ou trois après arrivaient les premières chaussures rouges ou bleues, la mode était lancée.

Moi, j’aimais bien, je trouvais ça beau, pourtant, je sais que tout le monde n’appréciait pas, parce que cela ne correspondait pas avec mon jeu dur sur l’homme. »

Qui était votre entraîneur préféré ?

– « Luka Péruzovic, sans hésitation !

Il avait beaucoup d’emprise sur moi mais sans me prendre la tête.

Lorsqu’il a repris le flambeau de Georges Heylens, nous avons fait un second tour de feu, nous avions une moyenne européenne et je reste convaincu que si il avait entamé la saison, nous aurions terminé dans les cinq premiers.

C’est lui qui a permis à Par Zetterberg d’exploser.

Par avait du potentiel, il aurait, sans aucun doute, fini par réussir sa carrière mais nous jouions tous, sans exception, pour lui.

Robert Waseige avait le don de nous booster, j’ai parfois eu envie de l’étrangler tellement il nous poussait loin dans nos limites.

Je me souviens d’un match à Seraing, où Roch et moi aurions pu faire un braquage sans avoir peur, tellement il nous avait remonté à balles de guerre.

Certains jours, quand je suis un peu distrait, Nathalie, ma femme, me dit qu’il me manque un Waseige (rires).

J’avais 26-27 ans, j’étais à l’apogée de ma carrière.

Une sélection nationale n’aurait pas été un scandale et pour Michel Rasquin non plus.

Avec un caractère moins fort, je n’aurais pas connu les mêmes saisons.

Mais Luka pouvait en obtenir autant de ma part avec une méthode plus psychologique.

Luka, un gentleman, en premier, Waseige de peu derrière lui. »

Et Leekens ?

– « Ben, il arrive avec 4 ou 5 de ses joueurs ( Desloover, Frenay, …) premier match contre Malines, Moury sur le banc, nous sommes battu 0-1.

Après quelques matchs, il me fait enfin jouer mais je me blesse au mollet.

Je reviens, je me blesse encore au mollet et là je comprends que c’est une mauvaise saison pour moi et j’ai pris la décision de prendre le temps nécessaire pour me rétablir afin de repartir du bon pied l’année suivante.

L’avant dernier match, on reçoit Seraing et je fais une rentrée extraordinaire à 25 minutes de la fin, d’ailleurs les journaux de Charleroi titrent « Ah, si nous avions 11 Moury ! ».

En plus, j’avais déjà joué une demi-finale de Coupe de Belgique en 86 avec les Francs Borains (l’actuel Royal Boussu Dour Borinage, ndlwt) contre Le Cercle de Bruges et …Leekens !

Il n’est pas du tout mon préféré et je ne me suis pas caché pour lui faire savoir, mais je lui tire mon chapeau pour ce qu’il fait actuellement avec les Diables Rouges.

Il n’y a que lui qui soit capable de reconstruire cette équipe.»

– Vous avez connu beaucoup de joies dans vos divers clubs, une demi-finale avec les Francs Borains, les saisons 92-93 et 93-94 du Sporting, la montée en D1 et le maintien avec La Louvière quel est le plus grand de vos souvenirs ?

– « Le maintien, ça n’a rien à voir.

J’ai joué quelques matchs de Coupe d’Europe, une demi-finale et une Finale de Coupe de Belgique mais le tour final, c’était extraordinaire !

Tous les trois jours, tu as un match, donc concentration, concentration et dix jours après, c’est l’explosion.

Et à La Louvière, c’est comme à Charleroi, hein.

Il y avait plus de 10.000 supporters à chaque match.

Sincèrement, le tour final, c’était merveilleux ! »

Avez-vous un regret ?

– « Oui, je pense que j’aurais mérité une petite sélection en équipe nationale.

C’était l’anversois Rudi Smidts, qui m’a remplacé ici quand je suis parti au Germinal Ekeren, et le brugeois Vital Borkelmans qui se partageaient le back gauche.

Je pouvais jouer du mieux que je pouvais, ils étaient indéboulonnables. Pourtant, je reste persuadé qu’ils n’étaient pas meilleurs que moi ! »

à suivre …