David Helmer répond à vos questions

8 février 2024 #David Helmer#interview#Q&A

Bonjour, je suis David Helmer et, pour la première fois, je suis très heureux de pouvoir vous parler directement et de répondre aux questions que vous m’avez envoyées. C’est une grande expérience pour moi de pouvoir être propriétaire dans une ville comme Charleroi. Je veux en faire partie, avec vous, et je vous remercie pour vos questions. Nous y voilà.

 

VISION

  • Quelles sont vos ambitions pour le club ? Antonin, Philippe & Matteo

Ma principale ambition pour le club est que nous soyons dans l’excellence. Être excellent signifie faire de son mieux avec ce que l’on a à ce moment-là. La capacité d’améliorer ce que nous avons, et nous ne parlons pas seulement de l’aspect financier, mais des ressources, que nous avons dans tous les aspects : les capacités et leur potentiel. Il s’agit donc d’augmenter ces ressources et en même temps, tout au long du chemin, nous devons et seront excellents. Et c’est une décision qu’il faut prendre: voilà qui nous sommes, nous allons être forts, nous allons être des combattants, et nous allons sortir tous les jours et améliorer ce que nous sommes pour le bien de notre amour-propre, de notre personne, mais aussi pour le bien de la ville que nous représentons.

  • Quel retour attendez-vous de cet investissement à court et à long terme ? Les résultats sont-ils l’objectif principal ? Jean-François

Ce qui m’intéresse, c’est de gagner. C’est l’intérêt de presque tout le monde, n’est-ce pas ? La question est donc de savoir comment vous allez y parvenir. Cela ne me concerne pas seulement moi, j’arrive avec la volonté que nous voulons gagner. La façon d’y arriver c’est dans la planification. D’un point de vue monétaire, j’ai une perspective différente sur les investissements financiers en ce moment. Je pense sincèrement que chaque personne a un besoin financier limité pour vivre, et qu’au-dessus d’un certain montant, ce n’est plus vraiment nécessaire. Pour moi, vivre sa vie dans l’excès n’est pas une façon positive de vivre. On prend donc ce dont on a besoin et on investit le reste dans des choses bénéfiques pour les autres, pour la société, pour les affaires, pour l’économie. Je veux donc que Charleroi, l’équipe, le football et, bien sûr, les personnes avec lesquelles je travaille au Rwanda et les talents qui s’y trouvent, en profitent. C’est ce qui m’intéresse le plus ici.

  1. Comment serez-vous impliqué dans la gestion du club au quotidien et que pouvez-vous apporter au club ? François

Je pense qu’il est très important de s’assurer que la gestion et la structure organisationnelle soient très claires. Car avoir, ce que j’appelle “un monstre à deux têtes”, c’est-à-dire deux personnes qui pensent qu’elles sont responsables et qu’elles font les mêmes choses, c’est tout simplement un désastre. En général, cela ne fonctionne pas bien. Ce que nous avons donc créé, c’est une structure. Aujourd’hui même, nous sommes en train de finaliser les premiers points de cette structure. Nous avons donc un Conseil d’Administration qui comprend Mehdi, Fabian, Pierre-Yves et moi-même. Je suis désormais le président du conseil d’administration, ce qui signifie que je dirige ce groupe. Le conseil est responsable de la gouvernance et de la stratégie à long terme. Le CEO rend des comptes au conseil et s’occupe de la gestion des risques, de la responsabilité financière, de ce type de choses qui sont les plus importantes pour le bénéfice et la prospérité de l’organisation, ainsi que pour la vision à long terme (e.g. toutes les questions du type comment allons-nous nous engager avec la communauté ?). C’est donc notre responsabilité,  et c’est moi qui la dirige aujourd’hui.

  1. Combien de temps resterez-vous à Charleroi ? Christophe

Je pars dimanche. Blague à part, à long terme, je n’ai pas de calendrier. C’est quelque chose qui m’intéresse plus que de voir certaines choses se réaliser. Je n’ai donc pas vraiment de calendrier. J’aimerais qu’au fil du temps, je fasse partie de quelque chose d’important et qui accomplit beaucoup pour l’équipe dans la ville, et nous verrons où cela nous mènera.

  1. Comment voyez-vous le développement commercial du club (nouvelles tendances, partenaires internationaux/américains) ? Bruno

C’est une question intéressante, mais j’ai été tellement concentré jusqu’ici sur la finalisation de cet engagement, etc. que je devrais y réfléchir un peu plus longtemps avant de pouvoir répondre à cette question.. Vous savez quoi ? Posez-moi la question dans six mois. Mais il y a des opportunités, il y a le potentiel de catalyser ce que nous sommes et ce que nous pouvons être d’une manière qui, je pense, sera bénéfique pour l’avenir.

 

A PROPOS DE MEHDI

  1. Quelles sont vos relations avec Mehdi Bayat, Fabien Debecq et le staff technique ? Nicolas

Je les respecte tous pour toutes leurs compétences. Je pense que nous devons tous admettre que nous sommes doués pour certaines choses et qu’il y a d’autres choses que nous pourrions améliorer, et d’autres encore pour lesquelles nous ne sommes tout simplement pas doués et que nous préférerions ne pas faire. C’est ce que font les équipes : elles comprennent quels sont leurs points forts et elles s’appuient les unes sur les autres pour accomplir ce qu’elles veulent. Elles dépendent les unes des autres pour atteindre leur objectif, quel qu’il soit. C’est d’ailleurs ce que nous sommes en train d’identifier. En fait, j’ai même posé certaines de ces questions ce matin et c’est sur cette base que nous irons de l’avant. La relation de travail que nous avons actuellement est, je pense, très constructive. Le pouvoir et l’ego ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse, ce sont les résultats et l’assurance que nous le faisons d’une manière qui soit positive sur le plan relationnel.

  1. Avant d’investir dans le club, saviez-vous que Mehdi Bayat était fortement critiqué par les supporters? Que répondez-vous aux supporters qui souhaitent son départ ? Fabrice & Nicolas

Oui, j’en étais conscient et, par la suite, j’ai eu l’occasion, et j’ai toujours l’occasion, d’approfondir la question. Je ne pense pas qu’il soit juste de commenter la qualité des critiques, qu’elles soient justifiées ou non. Je crois que, comme dans toute fonction particulière, il faut examiner attentivement ce qui a été bien fait versus identifier les lacunes et ce qui peut être amélioré. Quelles sont les lacunes ? Quels sont les besoins ? Comment pouvons-nous nous améliorer ? Qui va s’en occuper ? Il faut bien que quelqu’un le fasse, si nous voulons être excellents. Donc, oui, j’en suis conscient. Je pense qu’il est important de comprendre que je ne viens pas de l’extérieur en tant que sauveur, n’est-ce pas ? Je pense que c’est franchement ridicule. Ce que je fais, c’est que je viens avec mes capacités et compétences, pour s’ajouter aux talents et aux compétences que nous avons. Je pense que mon expérience peut nous permettre de faire le tri, d’examiner honnêtement les lacunes et de répondre à la question suivante : comment allons-nous résoudre ce problème ? Ou comment allons-nous nous appuyer sur ce que nous savons faire ? Et c’est là mon rôle. La mentalité que nous devons avoir, c’est nous considérer comme une startup de 120 ans d’existence, c’est-à-dire que nous avons une histoire et un héritage, mais en même temps, nous devons penser à tout cela d’une manière nouvelle. Comment pouvons-nous être innovants ? Quelles sont les choses que nous avons faites et qui doivent cesser ? Que devons-nous changer ? Que devons-nous commencer ? Ce type de questions est abordé de manière très directe et chacun doit être responsable des choses dont il est responsable. Nous sommes tous d’accord là-dessus entre nous. 

 

SPORTIF

  1. Quelles sont vos ambitions sportives pour le club à l’avenir ? Antonin

J’aimerais voir une équipe qui incarne la ville de Charleroi: nous sommes forts, nous sommes des combattants, nous avançons et nous représentons nos couleurs à chaque match, aussi fort que possible, et nous n’abandonnons jamais. C’est notre priorité. Nous sommes excellents dans ce que nous faisons et nous en sommes fiers. Nous travaillons pour monter le plus haut possible. C’est cette attitude qui compte. Je pense que nous pouvons y arriver d’ici la fin de la saison si nous parvenons à remonter la pente, à nous placer et à participer aux playoffs 2.

  1. Êtes vous satisfait de l’effectif actuel ? Ludovic

Je commence tout juste à les connaître, je ne viens pas d’un milieu footballistique important, donc je ne veux pas faire semblant que j’ai un avis pertinent là-dessus, mais en même temps mercredi soir (lors de la rencontre Charleroi – Eupen), j’ai apprécié l’engagement, comme on dit, et l’intensité de plusieurs joueurs qui se sont battus pour l’emporter c’est ce que nous devons voir tout le temps.

  1. Comment pourrions-nous prétendre de manière réaliste à jouer le top 6 l’année prochaine ? Alain & Ludo

Prétendre de manière réaliste ? C’est une utilisation intéressante de ces 2 mots. Mais je ne pense pas que l’on puisse “prétendre de manière réaliste”. Mais je pense que nous devons être raisonnables en ce qui concerne nos attentes et nous efforcer de nous améliorer. Je pense que l’année prochaine, être dans les six premiers, c’est un défi pour nous, franchement. Nous avons beaucoup de travail à faire pour y arriver et la question est donc : qui au sein de l’équipe est prêt et souhaite travailler aussi dur pour y arriver ? Nous devrons également procéder à des transferts judicieux qui nous mettent en position d’y parvenir, et nous cherchons à nous améliorer dans ce domaine du recrutement.

  1. Allez-vous faire tout ce qu’il faut pour avoir une équipe de qualité capable de disputer la coupe de Belgique et de figurer dans le top 6 l’année prochaine ? 

“Faire tout ce qu’il faut” peut signifier beaucoup de choses différentes. Si je comprends bien, si on parle d’un point de vue financier, je pense qu’il faut être honnête: tout le monde a un budget avec lequel il faut travailler. Nous avons un budget en tant que club, et nous “ferons absolument tout ce qu’il faut” dans la limite de nos moyens financiers. Nous “ferons également tout ce qu’il faut” en termes d’intensité, de stratégie et de planification. Mais je pense que nous devons aussi être réalistes sur la façon dont nous pouvons aborder cette question. Nous serons donc des combattants, mais nous serons aussi réalistes.

  1. Est ce que le club a vraiment l’ambition de devenir champion de Belgique ? Vito

En ce moment ? Je ne pense pas que ce soit le cas. Il y a une différence entre l’espoir et l’ambition: l’espoir c’est par exemple “j’espère pouvoir manger une glace demain”, mais par exemple l’ambition serait “je vais manger une glace demain”. C’est simplement un exemple. Chaque équipe espère être Champion de Belgique, mais c’est un faux espoir. Soyons donc réalistes. L’ambition, c’est ce que vous avez en vous pour travailler aussi dur que nécessaire pour arriver là où vous voulez être. Et je ne pense pas que ce soit clair à l’heure actuelle pour tout le monde. Tout le monde dit en ce moment: “restons loin du fond du classement”. Moi je dis qu’il faut être fort et commencer à jouer plus haut, là où, sincèrement, nous devrions être aujourd’hui.

  1. Pensez-vous désigner un directeur sportif (incluant les transferts) ? Si c’est le cas avez vous timing en tête? Arnaud, Bruno, Caroline & Roland

Nous en avons parlé justement encore aujourd’hui, du point de vue de la structure. Nous n’avons pas de timing précis en tête sur cette question. Mais nous reconnaissons tous que nous voulons et que nous sommes en train de nous professionnaliser, qu’il y a différents domaines de responsabilité qui doivent être divisés et confiés à quelqu’un d’autre, et il est donc très important de le faire de manière judicieuse. Mais il y a certainement des plans de commencer à mettre en place une structure au sein de l’organisation qui sépare les responsabilités. Ainsi, les gens pourront se concentrer sur certaines choses, en être responsables et en rendre compte en conséquence.

  1. Etes-vous satisfait du mercato de janvier de Mehdi Bayat ? Bruno & Ludovic

Je pense que lors des derniers jours du mercato, nous avons effectué de bons transferts et nous avons eu l’occasion d’en tirer profit pour le club. Je pense qu’il s’agit d’une question déguisée, qui dit en fait : êtes-vous satisfait de Mehdi Bayat dans son travail ? Je pense qu’en règle générale, un CEO n’est pas aussi en même temps directeur sportif. Je pense que c’est important et je pense qu’en fait, Mehdi le reconnaît aussi. Il ne s’agit pas d’une emprise exclusive sur le pouvoir. Il s’agit de savoir comment nous pouvons prendre ce que nous avons et le faire évoluer vers des niveaux de compétences plus élevés avec les personnes qui peuvent apporter des avantages significatifs pour l’organisation. Nous examinons cela de fond en comble.

La deuxième partie de l’interview sera disponible demain.

 

QUESTIONS SUR L’ACTUALITE (POST-ENREGISTREMENT)

  • Etes-vous surpris de vous retrouver dans cette situation alors que vous venez juste de rejoindre le club ? 

Il ne faut jamais être surpris de rencontrer des difficultés. Les problèmes font partie de la vie. Dans les organisations, les problèmes résultent généralement d’une planification, de systèmes, d’une communication ou d’une exécution inadéquat(e)s. La réponse la plus simple consiste à blâmer quelqu’un, mais cela ne permet pas d’identifier les véritables problèmes. Je vais nous conduire à comprendre les causes profondes de pourquoi nous en sommes-là où nous sommes. Ensuite, nous les résoudrons. En regardant la situation actuelle du Sporting Charleroi, je vois de nombreuses possibilités qui ont contribué à notre situation actuelle. Notre travail consiste à demander honnêtement : « Comment en sommes-nous arrivés là ? » Les solutions peuvent venir lorsque vous identifiez les vrais problèmes. Un bon leadership ne blâme pas. Il corrige et coache.  

  • Que pensez-vous de notre prochain match contre Anderlecht ?

Les sentiments sont basés sur l’espoir et non sur la stratégie ou la performance. C’est bien que ce ne soit pas un match à l’extérieur. Nous n’avons pas gagné un seul match à l’extérieur cette saison. (Nous devons comprendre pourquoi !) Il ne fait aucun doute que celui-ci sera difficile, même avec presque tout le monde de retour des compétitions internationales et des blessures. L’équipe doit être agressive et persistante. Le reste d’entre nous doit les soutenir pleinement. 

  •  Comment pouvons-nous atteindre le succès dans le future ?

Il y a trois principes fondamentaux que chaque organisation doit d’abord accomplir pour réussir. Vous ne pouvez pas les ignorer ou faire semblant. Si vous le faites, vous échouerez ou retarderez un éventuel succès.

1) Une définition précise de ce que vous voulez et de qui vous voulez devenir.

2) Les bonnes personnes capables de réaliser cette vision.

3) La détermination de tout le groupe à y parvenir.

Sans que ces principes soient clairement établis, l’argent ne servira à rien. Cela cache les causes profondes. Un montant d’argent correct peut être très utile une fois ces bases en place.

 

VOTRE INVESTISSEMENT

  • Pourquoi avez-vous investi dans le RCSC ? Vous pourriez investir partout, pourquoi spécifiquement à Charleroi? Marie, Olivier & Nicolas

C’est une excellente question et j’apprécie que vous me la posiez. Il y a plusieurs raisons à cela. Cela fait 8 années que je travaille en Afrique de l’Est et au Rwanda, notamment dans le domaine de l’organisation, de la consultance et des sports, avec une question sous-jacente: comment faire croître les économies grâce au sport ? À partir de là, mes partenaires et moi-même avons trouvé des opportunités au sein du Rwanda pour aider à développer les talents, la formation des jeunes, et nous avons donc développé cela au cours des cinq dernières années. Nous avons actuellement 500 enfants qui sont impliqués dans le programme et nous passerons à un millier cette année, avec un objectif de 5.000. Cela a été la base de notre réflexion pour commencer à réfléchir plus grand: que se passe-t-il lorsque nous avons des talents ? Que font-ils ensuite ? Nous avons donc commencé à créer un “chemin de formation” et d’opportunités pour ces différents jeunes. L’une des grandes questions de la vision était de savoir ce qui se passerait si nous avions de très bons talents venant non seulement du Rwanda, mais aussi d’autres pays environnants, puisque nous développons une académie internationale là-bas, où iraient-ils? C’est à partir de ce moment-là que, certains de mes partenaires, qui sont Belges et qui ont été impliqués dans le football belge au cours des dernières décennies, m’ont dit que la Belgique était un endroit idéal pour atteindre le sommet de notre “chemin”. C’est alors que nous avons commencé à envisager une stratégie de recherche et d’engagement avec un club de football belge qui nous permettrait de créer un partenariat, une connexion et une échelle vers une plus grande opportunité pour ces jeunes talents.

  1. Comment avez-vous entendu parler de Charleroi et qu’est-ce qui vous a convaincu d’investir ici ? “RCSC Girl”

J’ai lu des articles à ce sujet dans des magazines de voyage qui mentionnaient que c’est le meilleur endroit où aller. C’est magnifique en hiver. Nous avons donc pensé que cela serait génial (sarcasme). Plus sérieusement, l’un de nos partenaires belges, un entraîneur, nous a suggéré, par l’intermédiaire de ses contacts en Belgique, de visiter certains clubs, ce que nous avons fait. Nous sommes venus à Charleroi et avons rencontré Fabien et Mehdi à deux reprises, et nous avons visité les installations du club et la ville de Charleroi. Je viens d’une ville similaire aux USA et lorsque j’ai j’ai regardé la ville Charleroi et les gens, c’est à moment-là qu’il y a quelque chose en moi qui m’a dit : « Je veux être ici !”

  1. Est-ce que votre passé et le rapport humain vous ont convaincu d’investir dans le club ?  “RCSC Girl”

Je pense que c’est mon histoire, mon passé. Je suis né dans une région industrielle des États-Unis, ce que nous appelons le Midwest. En grandissant, j’ai vu à quel point les gens luttaient et avaient difficile dans cette ancienne ville automobile où il n’y a plus d’industrie aujourd’hui. Plus tard, je suis allé à l’université dans une ville de Pennsylvanie. La ville où j’habitais était une ville minière (charbon) et, en fait, à 400 mètres de la maison où j’habitais, il y a eu un accident au cours duquel il a fallu extraire des mineurs de la mine et l’université que j’ai fréquentée se trouvait juste un peu plus loin.  Il y a cent ans, elle avait été complètement inondée, ainsi que 2 hauts-fourneaux dans la vallée, par un réservoir qui s’était rompu en amont. Toutes ces choses dans cette région en pleine mutation économique ont été de véritables expériences formatrices pour moi. En voyant cela, en connaissant les gens et en ayant l’occasion de venir ici, j’ai compris qu’il s’agissait d’une ville que je peux comprendre, et de gens dont je pouvais vraiment me préoccuper.

  1. Pourquoi n’avez vous pas investi dans la MLS qui est en plein essor, surtout avec l’arrivée de Messi ? Jonathan

Je pense sincèrement que la MLS s’adresse à des investisseurs qui ont un gros portefeuille et un gros ego, et je ne suis ni l’un ni l’autre (de manière relative). Le marché du sport aux États-Unis est énorme et les sommes sont considérables. Lorsque nous avons réfléchi à notre stratégie au Rwanda et à la manière dont nous pouvions développer des talents pour les faire grandir, nous avons pensé qu’il ne fallait pas dépenser plus que ce qu’il fallait pour cela, et donc par conséquence ne pas rentrer au capital d’une équipe de la MLS. Tout le monde a un budget.

  1. Comment vous sentez-vous après vos premières semaines au club ? Olivier

J’apprécie la passion des fans, leur intérêt et leur engagement. Sincèrement, quand les fans se font entendre, pas seulement verbalement, mais plus généralement quand ils communiquent avec passion, c’est parce qu’ils se soucient du club. Et je veux faire partie de ce groupe qui ‘se soucie”. L’organisation et les gens avec qui je travaille maintenant. Mehdi, Fabien et Pierre-Yves, je les apprécie beaucoup. Nous travaillons bien ensemble et nous créons à la fois une vision de l’avenir et une voie à suivre.

 

BUDGET & ACTIONNARIAT

  1. L’augmentation de capital de 6 millions d’euros est en fait très faible pour le secteur. Pouvons-nous  rivaliser avec d’autres clubs avec notre budget (bien) inférieur ? Renaud & Jean-Claude

Je suis d’accord avec eux. Dans ce marché concurrentiel, le montant de 6 millions de dollars est faible et c’est compréhensible. La question est donc de savoir ce qui est juste et pourquoi. Je veux dire, l’important est de déterminer quel est le vrai problème. Premièrement nous devons nous assurer que, d’un point de vue financier, nous couvrons une partie de la perte financière de l’année dernière. Deuxièmement, nous avons une académie qui doit être pleinement opérationnelle. Nous avons un stade et des besoins à venir qui doivent être satisfaits. Et nous avons un système que nous devons mettre en place pour développer les talents de manière systématique afin que nous sachions qu’il y a une manière Charleroi de faire les choses. C’est une façon de faire, et nous avons tout ce qu’il faut pour le faire, c’est plus une question intermédiaire. Mais je pense que la préoccupation et la question principale qui se pose est la suivante : nous sommes dans une situation de concurrence avec d’autres clubs, ils ont de l’argent à dépenser pour des joueurs, donc d’où viendront nos joueurs si nous avons un budget limité ?

  1. Comment ces 6 millions d’euros seront-ils utilisés dans le budget du club et serviront-ils pour le prochain mercato ? Nicolas

Je pense que j’ai déjà répondu en partie à cette question en ce qui concerne la destination d’une partie de cet argent. Permettez-moi de vous dire que cet argent n’ira pas dans les poches de la direction, et ce n’était déjà pas le cas auparavant. Cet argent est destiné à la construction et croissance du club. Mais vous savez, nous devons toujours faire preuve de sagesse dans les choix que nous faisons et nous concentrer sur le développement de ceux-ci. 

Honnêtement, nous serons donc toujours derrière les clubs qui dépensent des sommes d’argent inouïes, mais ils ne pourront pas le faire longtemps parce qu’ils ne sont pas financièrement viables. Il faut donc d’abord être financièrement durable et viable pour pouvoir simplement exister. Nous nous assurons donc de couvrir ce point, puis nous commençons à nous développer au-delà. Je soupçonne qu’avec cette réponse, il y en aura beaucoup parmi vous qui seront frustrés par ma réponse. Parce qu’ils aimeraient voir de grosses sommes d’argent arriver et acheter les meilleurs talents.

  • Allez-vous procéder à d’autres augmentations de capital ? Matteo

C’est une possibilité, mais ce n’est pas une promesse. Cela dépendra de ce qui se passera l’année prochaine et cela pourrait être moi ou d’autres personnes que je connais et qui pourraient être intéressées. C’est possible, mais c’est une décision à prendre, mais pas maintenant.

  • Envisagez-vous de devenir l’unique actionnaire? Avez-vous des partenaires américains potentiels pour la reprise du club ? Bruno

Je n’ai pas l’intention d’être le propriétaire unique. La possibilité de devenir un jour propriétaire majoritaire est envisageable, mais cela reste à déterminer. Ai-je d’autres relations aux États-Unis qui pourraient se joindre à un consortium et devenir actionnaires aussi ? C’est possible, mais je pense qu’il ne s’agit pas d’un jeu de pouvoir. Mettons donc cela de côté. La question est de savoir comment nous allons gagner. Et je pense que les réponses que j’ai données jusqu’à présent pourraient ne pas plaire. Je suis ici pour vous répondre franchement, mais il se peut qu’il y ait encore une question de la part des fans du type « vous ne m’avez pas répondu clairement sur la façon dont nous allons gagner ».

 

RESEAUX & RECRUTEMENT

  • Comment envisagez-vous la collaboration entre vos académies en Afrique et notre école des jeunes?  Jean-Claude & Olivier

En fait, nous y travaillons actuellement. Nous avons conclu des accords. Du matériel d’entraînement est déjà en cours de livraison, des entraîneurs seront envoyés dans les deux camps. Nous sommes déjà à la recherche de ce que nous appellerons des “gains rapides” en ce qui concerne le recrutement et les talents. Y a-t-il des talents qui pourraient être transférés ? Je pense que l’un des défis auxquels sont confrontés les clubs européens est qu’ils prennent un grand risque lorsqu’ils transfèrent un joueur venant d’Afrique ou des USA. Est-il prêt à jouer au football en Europe dans le cadre du système européen ? Est-il prêt à vivre en Europe ? Et d’autres choses encore. Si nous pouvons appliquer la méthode de Charleroi et l’expérience belge en matière de formation aux académies africaines, nous pourrons former ces joueurs très tôt et les mettre à l’épreuve avant de prendre le risque de les faire venir ici et je pense que c’est un avantage considérable de la synergie entre nos académies.

  • Comment voyez-vous l’avenir de nos jeunes talents issus de l’académie ? BWSU

Je ne peux parler que “d’intention”, car je ne suis pas omniscient. L’idée est d’essayer d’atteindre quelque chose et de travailler du pour. Je pense qu’avec nos installations supplémentaires, avec l’équipe A qui s’entraîne à Marcinelle et l’atmosphère que cela crée pour les jeunes joueurs, le simple fait de tout centraliser dès l’année prochaine fera une différence significative. C’est une chose, mais nous devons continuer à nous poser les questions suivantes : comment pouvons-nous nous améliorer ? Où sont les lacunes ? Que faut-il faire pour exceller ? Comment pouvons-nous être excellents ?

  • Peut-on s’attendre à ce que des joueurs de la MLS soient recrutés à l’avenir ? Jonathan

J’ai déjà eu des discussions à ce sujet avec certaines personnes aux États-Unis. C’est possible, qu’ils soient issus de l’université ou de la deuxième division aussi mais vous savez, il faut qu’ils soient d’une qualité telle qu’ils puissent rivaliser ici, dans le football européen, mais c’est une possibilité.

 

SUPPORTERS

  • Que pensez-vous des supporters de Charleroi ?

J’adore. J’apprécie vraiment la passion, l’intensité et leur engagement envers le club. Ils veulent en faire partie. C’est notre communauté. Ce sont des gens qui nous soutiennent et nous encouragent depuis qu’ils sont jeunes, depuis qu’ils y sont allés avec leurs pères, après que leurs pères y soient allés avec leurs pères, et c’est donc vraiment important. Les supporters sont l’âme et le sang de l’équipe.

  • Avez-vous apprécié de regarder le match depuis le T4 au milieu des supporters ? Avez-vous l’intention de revenir en T4? Kevin

Toujours ! Les deux fois où j’y suis allé ! C’est le meilleur endroit où regarder le match debout ! J’aime beaucoup cette tribune. Ai-je l’intention d’y revenir ? Bien sûr. Ce n’est pas de mise en scène. Il s’agit de relations avec des personnes réelles et vraiment agréables, et c’est pourquoi j’y reviendrai. C’est ce que font les propriétaires de club et qui s’y intéressent : ils vont à l’extérieur, ils disent merci et ils font l’expérience de la vie et de la relation avec leurs supporters, pour les écouter aussi.

  • Qu’allez-vous faire pour faire revenir les gens au stade ?

Il faut gagner. C’est comme ça. Les gens viennent pour voir des gagnants et non pour voir des perdants, et nous allons donc gagner.

  • Comment pensez-vous que Charleroi pourrait bénéficier de l’expérience fan américaine ?

Je ne sais pas. Parce que certaines expériences vécues par les fans américains sont tout simplement dans l’exagération, et je pense qu’il y a bien sûr des possibilités, et il faut les étudier en demandant aux fans : qu’est-ce que vous aimeriez vivre? Vous savez, c’est aussi un produit de divertissement. Comment pouvons-nous faire en sorte que l’expérience soit bonne pour vous ? Nous n’allons pas nous asseoir dans une petite salle et décider de cela pour eux. Ils peuvent nous le dire. D’ailleurs, même lorsqu’il s’agit de ce que cela signifie dans le nouveau stade, à quoi cela ressemble-t-il dans l’intérêt des supporters ? La satisfaction du client doit être le moteur de notre entreprise. Parce que nous apprécions ce qu’ils sont et que nous nous soucions de l’expérience qu’ils vivent avec nous. Je suis vraiment inflexible sur ce point.