Mehdi Bayat : « Nous ne sommes plus candidats aux PO1 »

1 mars 2016

" Avec conviction, je tiens à préciser que le Sporting de Charleroi n’est pas en crise. Le Sporting de Charleroi est un club qui grandit, tout doucement. Depuis septembre 2012, nous avions la volonté de repositionner le club dans sa ville, de redonner confiance à nos partenaires, à nos supporters, à la ville, à la fédération et aux clubs de Pro League, de manière générale. Je ne dois pas vous rafraîchir la mémoire en vous rappelant que nous étions en conflit avec, presque, tout le pays, à cette époque. Trois ans plus tard, nous avons réussi ,avec un certain brio, à repositionner le Sporting de Charleroi. Nous avons, non seulement, réussi à repositionner le Sporting de Charleroi, mais nous sommes également au début de ce qui pourrait devenir un grand club.
Lorsque je regarde la situation du Sporting, aujourd’hui, j’ai le sentiment que la seule chose que nous n’avons pas su gérer ces dernières semaines, c’est la pression inhérente à un club qui s’est fixé un objectif -qu’il peut encore atteindre, à l’heure où je vous parle- et que cette pression a fait en sorte que nous ne pouvons expliquer pourquoi ce dimanche, nous avons perdu une rencontre à notre portée. Je n’ai pas d’explication rationnelle, à cela.
Ce dimanche, après la rencontre, il y eut une discussion avec des supporters mécontents et déçus, qui sont venus à l’entrée principale du stade.
Par mesures de sécurité, la police a décidé de bloquer la sortie du stade. Dès que j’ai appris l’existence de cette situation, je suis allé au-devant de ces supporters qui, je tiens à le préciser, sont restés respectueux, envers le club et envers moi-même. La seule chose qu’ils demandaient, c’était de parler avec les joueurs. Ils ressentaient une certaine frustration et pensaient que certains joueurs ne se donnaient pas à fond et à 100% pour leur blason.
J’ai proposé à cinq de ces supporters de venir avec moi et de rencontrer les joueurs. Il y eut une conversation entre le groupe de supporters mécontents et les joueurs. Cette petite réunion improvisée s’est déroulée dans une atmosphère bon enfant, il n’y a pas eu de débordements, ni d’insultes. Il y eut, simplement, un cri du coeur de la part de certains supporters.
L’analyse que je fais de ce cri est celle que, finalement, nous avons réussi à faire grandir le Sporting de Charleroi. Aujourd’hui, je me présente devant vous parce que le Sporting de Charleroi est au même niveau que d’autres très grands clubs de Belgique et est toujours en lice pour les PO1. Nous avions notre sort entre nos mains, nous avons raté des échéances et des rendez-vous très importants pour pouvoir être encore dans la course et pourtant , mathématiquement, nous avons encore la possibilité de participer à ces PO1.



Nous ne sommes plus candidats aux PO1. Je l’ai dit, après la rencontre et je le reprécise, aujourd’hui. Le Sporting de Charleroi veut simplement reprendre du plaisir, donner du plaisir et , pourquoi pas, si comme la saison dernière nous arrivons aux PO1, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas une situation de crise.
Nous avons oublié l’époque où, les supporters Carolos fêtaient le maintien, simplement parce que le club avait réussi à atteindre les trente points nécessaires à la surive du club, en D1. Aujourd’hui, nous sommes déçus, nous prenons un coup sur la tête, lorsque nous apprenons que l’équipe pourrait ne pas atteindre les PO1. Dans le projet "3-6-9" que nous avons mis en place, nous en devions atteindre les PO1 que cette année.
Je ne vois pas comment je pourrais, au niveau des objectifs, me plaindre des joueurs, du staff et de toutes les personnes qui ont travaillé pour cela et que cette situation de non-crise existe. Je crois qu’il y a une raison, peut-être, logique à la situation que nous vivons, aujourd’hui.
Pendant plus de trois ans, nous avons travaillé d’arrache-pied pour faire en sorte que ce club ait une vision, un réel projet. Nous allons entamer, assez rapidement, des travaux de remise à niveau du Stade du Pays de Charleroi.
Nous avons commandé un nouveau terrain synthétique, en fonds propres, et nous avons un projet de centre d’entraînement pour l’élite de nos académies, qui sera chapeauté et épaulé par le noyau professionnel. Je rappellerai que, lors du dernier mercato, nous n’avons pas vendu un seul joueur et que nous avons recruté deux joueurs de qualité, pour essayer d’atteindre nos objectifs. Dans son existence, le club a rarement connu une telle stabilité et a rarement eu autant de projets concrets, à mettre en place.
Finalement, je crois que nous sommes allés trop vite au niveau de la gestion de la situation d’un club qui grandit, qui doit faire face à ses objectifs et qui doit nourrir les ambitions de ses propres joueurs, de son staff, mais également de ses supporters.
Si aujourd’hui, le Sporting de Charleroi est en situation de crise, parce qu’il est aux portes des PO1, parce qu’il n’a pas vendu de joueurs, parce qu’il est dans une situation financière saine et parce qu’il a des projets d’avenir, j’accepte volontiers cette crise. Ce n’est pas cela qui va nous faire baisser les bras. Au contraire, nous allons continuer à nous battre.



Felice Mazzù n’est pas remis en cause par sa direction, loin de là. Notre discours n’a pas changé, j’ai toujours dit que je voulais faire de Felice Mazzù notre Alex Ferguson et je le reconfirme, aujourd’hui. Si un entraîneur est capable, dans cette situation, de se remettre en question. Alors, je suis encore plus fier de Felice Mazzù et je le soutiendrai encore plus, pour que nous continuions à progresser et à grandir, ensemble. Car, malgré tout le respect que j’ai pour Felice Mazzù, je n’oublie pas que c’est un jeune entraîneur, qui a commencé sa carrière à Charleroi et qui, je l’espère, restera encore longtemps avec nous.
Être capables de franchir ces paliers, être capables de gérer cette pression, fera partie de nos objectifs.
Si nous faisons l’analyse de la situation, peut-être que nous nous rendons compte que le Sporting de Charleroi a plus de facilités à s’imposer face à de grandes équipes, là où, finalement, il n’y a pas de pression, ni d’obligation de gagner.  
À l’inverse, nous avons des difficultés à justifier notre nouvelle position face à des équipes plus modestes et pour qui nous avons énormément de respect. Nous devons continuer à grandir et je crois que si, finalement, nous avions su gérer cette pression, nous ne parlerions pas de possibilités de participer aux PO1, nous y serions depuis longtemps.
Notre volonté est de faire prendre conscience de cette situation à tout le monde et ma responsabilité, en tant qu’administrateur délégué, est de vous dire de manière très claire que nous ne sommes plus candidats aux PO1. Pour les raisons que j’ai évoquées, cette pression est inutile et nous n’avons pas besoin de cela. Nous savons ce que nous faisons, nous avons fixé une ligne de conduite que nous suivons et nous allons aborder les deux prochaines rencontres sans pression. Si nous sommes dans les PO1, nous irons, là-bas, sans complexes et si nous ne sommes pas dans les PO1, nous jouerons les PO2 sans complexes, également.
Le chemin est encore long et nous allons devoir apprendre, encore et encore. Je crois que les exemples autour de nous sont nombreux, mais je n’en citerai qu’un seul: Lorsque le Sporting d’Anderlecht a été sept ou huit fois champion, lors des dix dernières années et que l’on réalise que ses supporters sont mécontents, lorsqu’ils terminent à la deuxième ou la troisième place. Eh bien, je vous avouerai que j’aimerais connaître des situations de crise comme celles-là et les partager avec vous, dès que possible."