Mehdi répond aux supporters (3e et dernière partie)

20 mai 2012

Mehdi Bayat a accepté de répondre aux questions que les internautes lui ont posées sur le nouveau forum de discussion des supporters.

Voici quelques extraits choisis de ce très long entretien.
Retrouvez la totalité des questions posées et des réponses sur www.allezleszebres.be

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– Charleroi est champion, es-tu entièrement satisfait de la saison ?

« Honnêtement oui, parce que je pense que peu de personne, en début de saison, on cru que nous parviendrions à faire directement l’aller-retour. J’étais parmi les rares qui y croyaient et je suis aller voir tous nos sponsors pour les convaincre d’y croire aussi. J’avais mis énormément de clauses dans les contrats et je leur ai tenu le pari que si on ne remontait pas directement en D1, les nouvelles conventions seraient complètement dans leur intérêt… mais que si on était champion, dans ce cas-là, l’avantage serait pour nous. Le risque en valait la peine et aujourd’hui, cela prouve que j’ai eu raison.»

– Quel impact a eu la D2 sur le club ?

« Un désastre financier ! Il faut être très clair. Les revenus sont différents, les droits télé, le sponsoring, etc. Il n’y a rien de pire. Heureusement, Belgacom nous a permis d’atténuer un peu cette catastrophe. La D2 est un tsunami pour un club relégué et Belgacom nous a permis d’en minimiser les dégâts parce que nos matches à domicile ont continué à être diffusés à la télévision. Sans Belgacom, nos panneaux publicitaires et les LED dans le stade ne valaient plus rien. De plus, du fait de la descente en D2, nous avons été obligés de restructurer le club à certains niveaux. On a laissé le maximum de moyens financiers pour le noyau professionnel au niveau des joueurs et du staff. Par contre, on a été contraints de faire des coupes budgétaires là où on savait le faire : au niveau du Secrétariat, de la Billetterie, de la Boutique, etc. On a donc fonctionné sur un rythme bien différent de celui de la D1. Au niveau organisationnel, cela a constitué beaucoup de travail pour le personnel qui est resté ici. Franchement, je leur tire mon chapeau car on n’a vraiment pas eu une saison facile au niveau de la gestion de la direction du club. Mais bon, on a réussi à atteindre cet impératif qui était la remontée en D1 et nous nous attelons dès à présent à restructurer le club sur base d’un fonctionnement en D1.»

– Commercialement, quelles ont été tes grandes réussites…et tes grands échecs ?

« Si on fait une rétrospective, quand je suis arrivé, il y a dix ans, dans le département commercial, c’était un peu le néant. Je me souviens qu’il n’y avait quasi pas de panneaux dans le stade. Le club végétait complètement au niveau commercial. Il n’y avait quasi rien du tout. Mais je ne souhaite pas parler de réussite à titre personnel. Je ne veux pas tirer la couverture à moi. Je ne suis pas seul. Il y a des gens qui travaillent avec moi, notamment au niveau du Secrétariat du Sporting qui m’a toujours épaulé et permis de foncer sur le terrain. La première réussite qu’on peut attribuer à toute cette structure qui m’entoure, c’est d’avoir fait revivre commercialement le Sporting de Charleroi. C’est d’avoir redonné de la valeur à ce stade. C’est d’avoir été le premier club en Belgique à avoir mis en place des panneaux LED. Un autre projet qui m’a fait plaisir, c’est RCSC Mobile, puisqu’on était le premier club de football en Europe à être son propre opérateur de téléphonie portable. Le seul regret que je puisse avoir, c’est que j’ai eu les yeux plus grands que le ventre dans ce projet qui, aujourd’hui, s’est installé et a trouvé place dans les plus grands clubs de France avec OM Mobile, PSG mobile, etc. C’est le Sporting de Charleroi qui a servi de cobaye pour finaliser ces produits-là. Malheureusement, nous, à l’époque, nous n’étions pas assez structurés pour pouvoir gérer une plate-forme pareille. Mais cela reste une belle réussite dans le sens où le projet a été créé et mené à son terme. Le côté commercial n’a pas suivi, mais je ne peux pas dire que c’est un échec. Et une de nos plus grandes fiertés, c’est Belgacom cette année, avec « En route vers la D1 ». C’était aussi la suite logique de RCSC.tv, un projet dont nous avons aussi été les précurseurs en Belgique. Nous avons été la première équipe belge à avoir son propre site en audio-visuel. J’ai toujours eu envie de mettre en place un concept de « télé-réalité » mais nous n’avions pas les moyens de le faire par nous-mêmes. Et donc une autre réussite qui me tient à cœur, c’est tout le projet qui a été mis en place avec Belgacom cette année, en Division 2.
D’abord parce que nous avons un partenaire fiable. Ensuite, parce que l’émission a eu un succès considérable. Je crois que le Sporting peut vraiment être fier d’avoir été l’instigateur de ce projet-là. »

– Quelle image a encore le Sporting de Charleroi aux yeux des sponsors ?

« Je crois que nos trois derniers matches ont étonné beaucoup de monde. Beaucoup de gens s’étaient dit qu’en D2, les carottes étaient cuites pour le Sporting de Charleroi. Je fais un petit rappel : on a eu sur nos trois dernières rencontres, une fois plus de 13.000 spectateurs, une fois 14.000 et pour un dernier match presque sans intérêt sportif, plus de 10.000 personnes dans le stade. Je crois que ça prouve tout simplement que le RCSC n’est pas mort. Il est vrai qu’en terme de communication, il y a certaines lacunes. Peut-être parce qu’on était trop préoccupés par d’autres choses dans une sorte de management de crise pour faire remonter le club immédiatement en D1. Il va y avoir un travail à faire cette année, envers nos supporters, envers nos sponsors, envers la Ville, envers un peu tout le monde pour simplement expliquer que le Sporting de Charleroi est de retour et qu’il veut reprendre sa place. »

– Où te vois-tu dans un an ?

«Si c’est mon choix personnel : au Sporting de Charleroi. J’espère que les gens ont compris depuis longtemps que j’ai un attachement profond pour la ville et le club de Charleroi. Je suis arrivé en Belgique il y a presque dix ans. Je suis venu pour le RCSC et je m’y suis attaché. Donc, ma conviction personnelle est de continuer le plus longtemps possible au Sporting de Charleroi avec différents projets sportifs et commerciaux. Je suis convaincu et je suis le plus grand défenseur du potentiel du club. Et je me bats tous les jours pour ça. Je répète assez souvent que je dors à Bruxelles, mais je vis à Charleroi. J’y passe plus de temps que chez moi, avec ma femme. Et j’y ai créé pas mal de relations d’amitié, de relations très proches avec les personnes avec qui je travaille et que je côtoie tous les jours. Et cela pour moi, cela a une valeur très importante. Vous savez, dans le cadre de mon travail, j’ai plusieurs fois reçu différentes offres de sociétés bien cotées en Belgique… si, malgré tout, je suis resté à Charleroi, c’est qu’il y a forcément pour moi d’autres raisons que l’aspect financier. »