Pastplayer : GUDGEIR LEIFSSON

18 avril 2020

 

Bien avant d’atteindre les quarts de finale de l’Euro 2016 pour sa première participation et d’acquérir une notoriété qui, depuis, s’est étendue bien au-delà de ses frontières, l’Islande a toujours regorgé d’excellents footballeurs.

Une technique affûtée, une opiniâtreté et une combativité à toute épreuve, telles sont les principales qualités des Gunnarsson, Bjarnason, Sigbórsson et consorts qui ont émaillé cette phase finale de leurs exploits.

Leurs deux plus illustres prédécesseurs qui ont pour noms Ásgeir Sigurvinsson (57 buts en 249 matches pour le Standard de Liège, de 1973 à 1981) et Arnór Guðjohnsen (26 buts en 106 matches pour Lokeren, de 1978 à 1983, et 40 buts en 139 matches pour Anderlecht, de 1983 à 1990) avaient déjà, à plusieurs reprises, défrayé les colonnes des articles sportifs de leurs dribbles, leurs courses, leurs assists et leurs nombreuses réalisations.

On aurait pu en citer d’autres qui ont, notamment, déposé leurs valises au Sporting de Lokeren, un club friand de leurs talents (Arnar Vidarsson, Ari Freyr Skúlason, Rúnar Kristinsson et Arnar Grétarsson pour ne citer que les plus célèbres) en préambule de ce Pastplayer qui consacre, vous l’aurez deviné, un de leurs compatriotes, le seul qui a endossé la vareuse noire et blanche, l’espace de deux saisons de 1975 à 1977 : Gudgeir Leifsson.

Grand, élancé, doté d’un physique qui aurait fait pâlir James Bond lui-même, le brillant médian nordique aura régalé et charmé le bon peuple carolo de sa technique de jeu, de sa clairvoyance, de ses distributions limpides ainsi que de la finesse avec laquelle il inscrivit ses 4 buts en 38 montées au jeu.

Gudgeir effectue tout naturellement sa formation au Vikingur de sa ville natale, Reykjavik, où il a vu le jour le 25 septembre 1951. Après son éclosion au terme de la saison 1972-73, il intègre le Fram, le club voisin qui vient d’être Champion et goûte aux frissons de ses premières joutes en Coupe des Clubs Champions. Alors qu’il a déjà été appelé à défendre les couleurs de son pays au cours des qualifications pour les J.O. de 1972, il enchaîne avec les rencontres préliminaires à la phase finale de la Coupe du Monde 1974, dans le groupe 3 qui comprend les Pays-Bas, la Belgique et la Norvège.

Il connaît sa première expérience à l’étranger au Morton FC, un club de première division écossaise. Malheureusement, il n’a pas souvent droit au chapitre et revient chez son club d’origine, le Vikingur avant de s’expatrier, à nouveau, cette fois, plus loin que les Îles Britanniques, pour signer en Belgique, au Sporting de Charleroi.

Avec Roger Henrotay, Gudgeir est l’un des deux transferts phares du début de saison 1975-1976 susceptibles d’apporter un renouveau au jeu zébré mais aussi plus de possibilités offensives, d’autant plus que l’ex-joueur du Standard de Liège avait été impliqué dans près de 25 % du total des buts inscrits par sa formation, l’année précédente (14/59).

Toutefois, le Liégeois manque de réussite (8 buts en 25 rencontres) alors que Rainer Gebauer, lui, respire la forme en se classant 4ème meilleur buteur au terme du championnat (20 buts sur un total de 47 inscrits par sa formation !).

Pendant ce temps, dans la ligne médiane, Gudgeir répond aux attentes tout en conservant la confiance de son sélectionneur national puisqu’il participe aux Éliminatoires de l’Euro 76 ainsi qu’à celles de la Coupe du Monde 78 durant son passage dans le Pays Noir.

Si l’entrejeu et l’attaque du Sporting devaient normalement lui conférer une certaine tranquillité, c’est le secteur défensif qui handicape les Zèbres, surtout par sa fébrilité affichée à l’extérieur (revers 4-1 au Beerschot, 5-1 au FC Bruges et… 9-1 à Waregem !). Pendant la seconde saison de l’Islandais, malgré la stabilité de ses qualités intrinsèques, ses ouvertures et transversales tranchantes s’avèrent toutefois moins décisives, ses coéquipiers ne parvenant pas à finaliser leurs actions quasi un match sur deux (16/34), malgré les apports des nouveaux venus, Jacques Van Welle, Michel Esgain, Antonio Iezzi et Karoly Kremer.

En 1977, Gudgeir décide de retourner au pays, au ÍB Vestmannaeyja, avant de s’envoler pour la Suisse, au FC Bulle qui évolue en Ligue nationale B (l’équivalent de notre D1B actuelle). En 1979, c’est au Canada qu’il atterrit, chez les Edmonton Drillers, dans la North American Soccer League, où il inscrit 3 buts en 24 matches. Après un retour au FC Bulle – qui avait, entre-temps, chuté en 3ème division –, où il est l’un des principaux artisans à la remontée du club au deuxième échelon du football suisse, il revient définitivement dans ses contrées, d’abord au FH Hafnarfjörður et, enfin, pour un dernier baroud d’honneur, au Víkingur Reykjavik, le club où il s’est formé, et où il met un terme à sa carrière à l’âge de 32 ans.

Si, depuis son départ, le Sporting n’a plus accueilli aucun de ses compatriotes, Gudgeir Leifsson n’en a pas moins laissé des souvenirs empreints d’un talent pur et d’une classe exceptionnelle…