Une énorme délivrance. SI le plus dur avait été fait en venant à bout d’Eupen quelques semaines plus tôt, un titre n’est décroché que lorsqu’il est mathématique. Petite déception; les Zèbres n’ont même pas du jouer pour le gagner ! Mais s’il n y avait plus rien à jouer sur le terrain, les 13.000 supporters massés dans le Stade du Pays de Charleroi auront passé une soirée inoubliable. Charleroi est de retour en D1 !
Deux jours avant la réception de l’Antwerp, un lundi soir, Eupen réalise un match nul et Ostende est battu. C’est le scénario parfait. Le Sporting de Charleroi est désormais impossible à rattraper et remporte donc le titre de D2, ainsi que son ticket pour la D1 !
La réception des Anversois est plus folklorique que sportive. Le score est sans appel (0-3) mais la fête est totale. C’est véritable une communion entre un club et son public. L’ambiance sera on ne peut plus festive et arrosée.
Les faits de match passeront au second plan. Les fans chantent sur chaque but de l’Antwerp et les joueurs sont portés en triomphe dès le coup de sifflet final d’une saison historique. Charleroi est champion !
Le témoin : Pierre-Yves Hendrickx
Quels sont tes souvenirs de la descente en D2 ?
Le côté malheureux, c’est quand on perd les PO3. C’est un gros conflit avec le président aussi. On descend. Il faut licencier le personnel, il faut reprendre une organisation totalement différente avec une exigence de club pro dans une division qui ne l’est pas. C’est très compliqué. On se pose beaucoup de questions personnelles. Comme j’ai dit au président, une saison en D2, c’est possible, mais plus, il n’y aura plus de club.
On est clairement passé à côté de la disparition du club. Si on ne remonte pas cette saison-là, il n’y a plus de Sporting de Charleroi.
A titre privé, comment l’as-tu vécu ?
J’ai été très marqué par ces matchs à répétition face à Eupen. On pouvait encore sauver la saison sur ça. Faire une mauvaise saison, ça arrive. Une très mauvaise, il faut éviter, mais ça peut arriver. Dans ce système-là, on pouvait encore s’en sortir, mais on n’a pas réussi à le faire. C’est le plus dommage. C’est ce qui a de plus triste, et savoir qu’on n’est plus en phase avec la direction, que sportivement on n’est plus bon et que le club peut disparaître, ça fait tout drôle. Ça donne un sentiment d’impuissance et de tristesse énorme.
Le fait d’avoir 40 joueurs et de différentes nationalités, ça a pesé dans la balance ?
Je ne sais pas si c’est de ce fait-là. On s’est juste planté sportivement dans la gestion de cette saison-là, clairement. S’il y avait un élément à mettre en avant plus qu’un autre, ça aurait été facile de trouver où était le problème. On ne sait jamais pourquoi ça s’enchaîne mal et pourquoi ça s’enchaîne mieux ensuite. Je veux dire que tout n’était pas à jeter. Martos, par exemple, était bon avant et après aussi. C’est un ensemble de choses à gérer. C’est pourquoi c’est un sport si compliqué. Parfois, vous pouvez même être très bon et ensuite très mauvais d’une semaine à l’autre sans vraiment savoir pourquoi.
Tu étais toujours au club en début de saison en D2 ?
Oui. Personnellement, la D2 a été une année de remise en question, de réflexion. J’ai eu plusieurs contacts avec d’autres clubs de D1 que j’ai à chaque fois refusé. Finalement, au mois de février, j’ai été contacté par la fédération. Là, j’ai accepté de les rejoindre en restant malgré tout au Sporting jusqu’en mai. J’ai travaillé pendant 3 mois des 2 côtés. Puis, je suis parti à la fédération totalement jusqu’en octobre où, là, Mehdi m’a proposé de revenir. J’ai fait neuf mois à la Fédération tout en restant très proche du club, en fêtant la montée, en continuant d’organiser les matchs. Il n’y a que la période estivale et le retour en D1 où je n’étais pas là.
Quels étaient tes sentiments qui prédominaient au début de saison, en D2 ?
Les débuts ont été compliqués, car avec Jos Daerden cela ne se passait pas bien à cause de la pression d’Abbas Bayat sur le groupe et le personnel. Il y avait aussi du stress car nous n’étions pas bien dans le classement et que cela ne tournait pas. En septembre, on était assez loin. C’était stressant et décevant. Heureusement, Tibor Balog a remis de l’ordre là-dedans. Reprendre le bon chemin, rattraper le retard, et s’imposer à la fin, ce n’était pas certain.
Mais ce qui m’a marqué en D2, c’est qu’il y avait 3-4 équipes qui jouaient au football, puis d’autres avec un jeu radicalement différent dans des stades d’une autre époque, comme Heist, Saint-Nicolas. Ce n’était pas simple à gérer. On a fort heureusement eu Tibor et deux supers attaquants, qui ont fini tous deux meilleurs buteurs avec près de 20 buts chacun et chacun leur tour. (un au premier tour, l’autre au second).
Le déclic de la saison, c’est la victoire contre Eupen ?
Eupen a été le déclic pour la descente comme pour la montée. Ils étaient favoris, on avait du retard et ça a été un élan positif à ce moment-là. On a gardé un bon noyau en début de saison pour remonter. C’était le seul moyen. C’était un gros risque financier, mais il fallait le faire et on a réussi.
Avec ce début de saison assez difficile, y avait-il un bon espoir quand même ?
Il faut toujours y croire en football. Il fallait s’adapter, car le football en D2 est spécifique. Les supporters ont été très présents. Ça a permis à une certaine catégorie de personnes de s’identifier au Sporting et croire à un projet. Les gens s’amusaient bien, ils découvraient autre chose en déplacement, et il y a eu cet élan. Petit à petit, ils ont eu l’impression de grandir et de participer à une belle épopée. On a tout de même fait des assistances à plus de 10 000 personnes en fin de saison en D2. C’est la preuve qu’il y a moyen de pérenniser, de fidéliser les gens.
Si tu ne devais garder qu’un souvenir, ce serait lequel ?
C’est celui où l’on bat ici Eupen. On se dit, on va y arriver. Finalement on a été champion sans jouer un peu plus tard.
Comment vis-tu la période où tu étais divisé entre la Fédération et le Sporting ?
C’est très personnel, mais la relation avec monsieur Bayat était très compliquée. Il est arrivé en 2000 et 11 ans plus tard, cela s’était assez bien dégradé.
Après, le plus important était que ça marche sportivement, donc j’ai toujours gardé ça pour moi. A un moment, je me suis dit que ça valait la peine d’aller voir ailleurs pour me ressourcer. Maintenant, ça fait 10 ans que je suis revenu et 10 ans à un rythme de fou. Ces quelques mois à la Fédé m’ont peut-être fait du bien avant de revenir au Sporting et repartir pour une nouvelle aventure.
Au quotidien, les choses avaient beaucoup changé entre la D2 et la D1 ?
Oui, la moitié du personnel avait été licencié. Ce n’était pas le même rythme de travail. Malheureusement, la D2, ce n’était pas du tout professionnel.
La D2, c’est très dur sur le moment, mais ce n’est pas la meilleure chose qui soit arrivée au club ?
Ah moi, j’aurais préféré qu’on ne descende pas ! On ,’était que quatre clubs à être restés aussi longtemps en D1. Mais dix ans plus tard on peut dire que ça a permis de faire table rase et de repartir avec une nouvelle direction et une nouvelle dynamique. Après, si on avait pu éviter la descente, on aurait quand même dû faire quelque chose pour relancer le club et ce n’était peut-être pas plus mal.