L’interview rétro : Philippe Albert

22 juillet 2022 #albert#rétro

– Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous vous présenter brièvement et retracer votre parcours ?

J’ai fait mes classes à Bouillon de 76’ à 85’. De minimes à l’équipe premières. Un peu par hasard, j’ai atterri au Sporting pour quatre saisons, jusqu’en 89’. Ensuite, je suis allé au FC Malines, qui était le concurrent de Bruges et Anderlecht à l’époque. En 92’, je suis ensuite passé à Anderlecht où j’ai tout gagné collectivement et sportivement. J’ai tenté ma chance à l’étranger à Newcastle puis j’ai terminé ma carrière à Charleroi où je me suis blessé et où j’ai dû mettre un terme à ma carrière.

– Si vous deviez résumer le Sporting Charleroi en quelques mots ?

Charleroi, c’est tout pour moi. Sans le Sporting, je serais toujours à Bouillon. J’y suis arrivé grâce à la « guerre » entre Bouillon et Arlon. Le président d’Arlon me voulait et il m’a fait transférer au Sporting, car il ne savait pas m’avoir et voulait ennuyer Bouillon. Le président connaissait Jean Paul Spaute. Ça a lancé ma carrière ! André Colasse m’a coaché, il m’a fait progresser physiquement et sportivement. On avait une belle équipe avec Mattijssen, Pugh, Beugnies, Harrisson, Bosh, Mraz, Brogno,.. On terminait en général entre la 7e et la 13e place. On avait une belle mentalité, on se battait. Les attentes des supporters étaient moins fortes et les rapports étaient très agréables.

– Quel genre de joueur étiez-vous ?

J’étais limité en arrivant. Je venais de provinciales avec un certain retard physique et technique. J’ai eu l’occasion de progresser, grâce à André Colasse et de très bons joueurs.

– Durant votre carrière, y a-t-il des joueurs et des entraîneurs qui vous ont marqué (équipiers et adversaires) ?

Comme coach, il y a eu Antheunis, Colasse, Peruzovic, Boskamp, Keegan. Lui c’est le numéro un !

Du côtyé des joueurs, il y a eu Pugh, Beuls, Beugnies, Preud’homme, Clijsters, Degrijse, Nilis, De Wolf. A Newcastle, tous ! Mais surtout Ginola, Shearer et Party.

– Aviez-vous une idole de jeunesse ?

J’en avais deux ; Keegan et Resenbrink. Cotoyer Keegan, c’était fabuleux. Robbie et lui joueraient encore dans le football actuel, ils étaient tellement talentueux…

– Vous souvenez-vous de vos débuts au Sporting ?

En février 86’ contre Beveren, on avait perdu 0-4 et à 15 minutes de la fin, André Colasse m’a fait monter au jeu à la place de Beuls. Ma première titularisation fut pour la semaine suivante, à l’Antwerp. On a fait 0-0. Je jouait à coté de Beuls.

– Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir ?

Mon meilleur souvenir à Charleroi date de la saison 87/88, avec Antheunis. On avait battu Anderlecht, Bruges, le Standard. Et c’étaient de très grosses équipes à l’époque.

Toujours au Mambourg, le pire est une défaite face au Patro Heisden, en Coupe de Belgique.

Ailleurs, j’ai adoré mes années à Anderlecht où j’ai gagné 6 trophées en deux ans ainsi que le trophée du Footballeur Pro et un Soulier d’Or. Par contre, j’ai toujours en travers de la gorge le match à Brême avec Anderlecht où on mène 0-3 avant de perdre 5-3 ! Puis avec Newcastle, lorsque l’on termine finalement 2e derrière le grand Manchester United, alors que nous avions 4 unités d’avance…

– Vous souvenez-vous du second but lors de la victoire 2-1 face à Mouscron lors de la saison 99/00 ? Pouvez-vous nous raconter l’anecdote pour ceux qui ne la connaissent pas ?

C’est un coup de coin de Dante ( Brogno), je suis trop court. Alors, je mets le poing pour gagner du temps, vu que c’est 1-1. Je m’attends à ce que l’arbitre me sanctionne, mais il ne voit pas la faute !  La balle tape la transversale et revient sur Kaklamanos, qui conclut. L’arbitre accorde le but ! Nous remportons le match grâce à cette phase. Que faire dans ce cas, si l’arbitre ne le voit pas ? C’est le football. La saison était terriblement difficile et cette victoire sauve peut-être le club à la fin. Pourtant, on devait largement faire un top 7 avec une équipe composée de Mrmic au but, Jerkan, Defays, Tokéné, Romaniuk et moi en défense. Un milieu avec Souza, De Condé, Omélianovitch, l’attaque avec Dante, Rojas, Kaklamanos… On a vécu une crise dingue avec 3 coachs, plusieurs président. Un terrible fiasco.

Avez-vous des regrets sur votre carrière ?

Aucun regret. Il ne faut jamais regretter ce que l’on fait.

– Avez-vous gardé des contacts avec d’autres joueurs ou entraîneurs ?

Oui, avec Roch Gérard, Silvagni, Pugh. Mais il faut savoir qu’en fin de carrière, on prend tous des directions différentes.

– Le Sporting a toujours eu des supporters chaleureux, quels étaient vos rapports avec eux ?

Toujours positif, j’avais la mentalité de battant et ça leur plaisait. Quand je suis revenu en 99/00, ils étaient plusieurs centaines à nous attendre sur le parking après unde victoire à Sclessin.

– Comment voyez-vous l’évolution du football, en général, et de Charleroi en particulier ?

Les joueurs sont beaucoup plus suivis médicalement et le football a complètement changé. Il y a entre 16 et 20 personnes dans le staff. Avant, il y en avait 6.

– Que manquait-il au Sporting de votre époque ?

De l’argent. On ne pouvait pas faire de gros transferts et quand il fallait vendre, il fallait le faire pour régler les finances…

– Suivez-vous l’actualité de Charleroi et si oui, quels joueurs vous plaisent ?

Koffi sauve des points, Ilaimaharitra peut jouer en 6 et en 8 et possède une belle mentalité, Kayembe est un des meilleurs flancs gauches du championnat. Morioka peut s’adapter à plusieurs postes sur le terrain lui aussi. Enfin, Van Cleemput me plait également.

– Un mot sur la saison du Sporting ?

Le seul couac fut l’élimination en Coupe de Belgique. En championnat, les objectifs ont été atteints. Le nouvel entraîneur s’est bien adapté. La saison prochaine, il faudra faire mieux, surtout en Coupe. Le top 4 est difficile, il faut viser le top 8.

– Quels sont vos hobbys, vos passions ?

Mon principal hobby est le tennis, je fais les tournois les interclubs. Ma mentalité est comme au foot, je donne tout. Les mentalités en interlcubs sont très sympathiques et après les matchs l’ambiance est toujours très festive.

– Aujourd’hui, que devenez-vous ?

Depuis 2012, je suis consultant pour Eleven et la RTBF pour l’équipe nationale, les Coupes d’Europe,…