Bernard Hens est un passionné du Sporting de Charleroi depuis le plus jeune âge. Avant et après chaque rencontre des Zèbres, Bernard vous propose une préface et un débrief complet du match carolo.
Le regard de Bernard
On pourrait qualifier ce match de plusieurs synonymes… haletant, fou ou encore héroïque. En un seul mot, inoubliable comme bon nombre de matches par le passé car à Charleroi, il se passe toujours quelque chose.
Si Mark Van Bommel avait choisi de reconduire le même onze de base qui avait permis à son équipe d’engranger un quatrième succès face à Eupen, Felice Mazzù avait également prôné la continuité quant à la titularisation de Ryota Morioka afin de guider, aux côtés de Marco Ilaimaharitra, les manœuvres zébrées en reconversion offensive. En l’absence d’Oday Dabbagh, l’entraîneur carolo avait confié les rênes de l’attaque au duo Nikola Štulić/Isaac Mbenza, avec le soutien de Parfait Guiagon dont le rôle était de casser les lignes mais également de pouvoir exprimer sa technicité dans de petits espaces. Il est loin d’affirmer que l’on a vécu une première mi-temps d’anthologie footballistique tant les occasions franches furent pauvres des deux côtés. Le score vierge de parité en était l’éclatante preuve au terme des quarante-cinq premières minutes de jeu durant lesquelles les Zèbres avaient toutefois eu le mérite d’empêcher les Champions en titre de pouvoir développer et poser leur jeu habituel.
La seconde période fut, par contre, d’un tout autre acabit, illustrée de cinq buts dont deux penalties et de faits divers sur et en dehors du terrain dignes d’un véritable suspense hollywoodien. L’animation monta crescendo, de part et d’autre, et l’honneur revint à Nikola Štulić de déflorer le marquoir sur un habile assist de Vetle Dragsnes, le second depuis son arrivée chez nous. Une réalisation qui fait plaisir pour notre attaquant serbe qui voyait là un long travail dans l’ombre justement récompensé. La joie fut de courte durée pour les Zèbres qui concédèrent l’égalisation suite à une longue transversale d’Alderweireld et une conclusion victorieuse d’Ekkelenkamp. Il ne fallut pas plus de temps entre les deux premiers buts pour une révision du VAR à propos d’un geste fautif de la main de Vermeeren sur une frappe de Ryota Morioka. La sanction fut lourde de conséquence pour le matricule 1 avec la concrétisation impeccable d’un premier coup de réparation par Marco Ilaimaharitra. Les événements prirent une tournure inattendue suite au 2-2 d’Ilenikhena qui était monté deux minutes plus tôt, en remplacement d’Ekkelenkamp – et qui se révéla un choix gagnant pour le coach adverse. En effet, l’auteur de ce second but visiteur aurait été préalablement à l’origine d’une intervention fautive sur Marco Ilaimaharitra. Felice Mazzù fut alors prié de suivre le reste de la rencontre depuis la tribune tandis que son homologue se vit signifier le même verdict peu après ! L’intensité atteignit un pic maximal avec l’attribution d’un second penalty – tout aussi parfaitement géré par notre Capitaine – suite à un contact coupable sur Isaac Mbenza qui s’apprêtait à conclure un ballon à l’origine d’une très belle combinaison entre Youssouph Badji et Vetle Dragsnes.
Survinrent huit longues minutes insoutenables de temps de jeu supplémentaire qui précédèrent une longue nuit de liesse et une nouvelle « guindaille » comme il en existe nulle part ailleurs qu’à Charleroi…
Frank Defays : « Tout ce que l’on espère, c’est d’être sur une lancée mais le plus important, c’est de se remettre en question pour préparer le match suivant. »
« Je ne suis pas totalement d’accord que l’on dise n’avoir rien vu, en gros, au cours de la première mi-temps. Charleroi a presté à un très bon niveau face, sans doute, à la meilleure équipe du championnat et l’a empêchée de développer son jeu habituel. Il y a eu des bons moments de pressing et de l’impact physique sur le porteur du ballon. En seconde période, on a vu beaucoup de spectacle et d’animation et finalement, à mon sens, même si par deux fois Anvers revient au score, on a mérité cette victoire en montrant une force de caractère très importante. On a pu obtenir ce brin de chance qui nous avait fait défaut tant de semaines auparavant. La prestation de Nikola Štulić met, quelque part, en valeur le championnat de Nationale 1. C’est un garçon qui a été blessé à plusieurs reprises et qui a pu marquer quatre buts en quatre matches de Nationale. C’est important pour la confiance. Il a touché peu de ballons en première période. Il a fait un travail défensif et de pressing très intéressant. Et surtout, j’ai été convaincu que par sa présence et son état d’esprit, il ne lui fallait pas trois ballons pour la mettre au fond. Cela a été un choix logique par rapport au travail effectué les dernières semaines et il en a été récompensé. C’est un exemple pour d’autres joueurs qui, par blessure ou par manque de temps de jeu, ont la possibilité de jouer en Nationale et même si, mentalement, c’est difficile pour certains, c’est quelque chose qui peut amener beaucoup de confiance. Marquer trois buts face à la meilleure défense de Pro League, c’est un gros point de satisfaction. Cela montre la mentalité qui a été affichée car quand l’Antwerp égalise, c’est peu probable que l’on gagne le match. En finalité, ça représente l’état d’esprit de Charleroi sur les deux dernières semaines à domicile avec la mentalité et aussi un public qui joue son rôle. Tout ce que l’on espère, c’est d’être sur une lancée mais le plus important, c’est de se remettre en question pour préparer le match suivant. Pour la question des penalties, c’est toujours délicat pour leur interprétation et cela dépend toujours de quel côté on se positionne. C’est très compliqué d’apporter un avis et si cela avait été contre nous, on aurait eu sans doute un avis négatif. Pour nous, cela a été un match avec beaucoup d’émotions et ici, on ne va pas se plaindre que c’est tombé de notre côté. »
Zan Rogelj : « Ne pas baisser les bras a fait la différence. »
« Ce fut un superbe match. Nous avons démontré que nous avons le potentiel pour rivaliser avec les équipes du top. Nous avons aussi montré que nous n’abandonnions jamais. La première mi-temps a été difficile. Cependant, nos adversaires n’ont pas eu beaucoup d’occasions de buts. Je pense que, même pendant les quarante-cinq premières minutes, nous avons eu le contrôle de la rencontre. À la pause, le coach nous a demandé de continuer à jouer de la même façon, car notre prestation était bonne. Également de rester vigilants sur les longs ballons et de continuer à pousser, que cela finirait par être payant. Ce fut le cas. Le match s’est aussi joué dans la tête et, comme je le disais, le fait de ne pas baisser les bras a fait la différence. Nous sommes une équipe avec une forte mentalité, ce qui est très important. En début de saison, la chance nous faisait défaut. Que tout cela ait changé est une bonne chose pour nous. Il nous reste à continuer sur notre lancée. »
Interview Z. Rogelj – Jean-Marc Alias
Le résumé de la rencontre (VIDÉO)
Tous derrière les Zèbres !